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1913 : chronique d’un monde disparu – Florian Illiès

Entre essai et roman, 1913 : chronique d’un monde disparu nous propose de retracer en 12 chapitres, un par mois, quelques anecdotes, qui auraient pu être anodines, de l’année 1913. A la veille de la première guerre mondiale, le monde artistique est en pleine ébullition, les hommes politiques qui marqueront le XXème siècle ne sont pas encore ce qu’ils deviendront.

Pour vous mettre dans l’ambiance, rien de tel que les premières lignes de janvier :

« C’est le mois où Hitler et Staline se rencontrent en se promenant dans le parc du palais de Schönbrunn, Thomas Mann est à deux doigts de se voir déclaré homosexuel, et Franz Kafka sur le point de tomber fou amoureux. Chez Sigmund Freud, une chatte se prélasse sur le divan. Il fait très froid, la neige crisse sous les pieds. »

Nous les rencontrerons tous, ces grands inégalés de début de siècle, ceux qui font mes lectures depuis des années – et beaucoup d’autres : Sigmund Freud, Carl Gustav Jung, Marina Tsvetaeva, Rainer Maria Rilke, etc.

Florian Illiès nous en dresse les portraits à la fois justes et décalés, toujours avec humour. La littérature n’est pas la seule au rendez-vous, tous les grands savants de ce temps, mathématiciens et sociologues sont présents d’Einstein à Max Weber, les plus grands artistes de Picasso aux amours déçus de Kokoschka, de Camille Claudel à Auguste Rodin, de Marcel Duchamp à Stravinsky, de Matisse à Chagall, etc. Chaque mois de l’année est autant d’occasions de (re-)découvrir une époque et ceux qui l’ont faite, dans leur quotidienneté la plus triviale. Ces aléas de vies formeront bientôt notre mémoire collective et nos références culturelles pour des décennies.

Il n’est pas nécessaire de connaître toutes les personnes citées, il est impossible de n’en connaître aucune. Chacun, je crois, y trouvera ses marques selon qu’il s’intéresse d’avantage à la politique, la musique, la peinture, la science, la psychologie… Toute la force de Florian Illiès réside dans cette capacité qu’il a à mettre en évidence, sans se prendre au sérieux, le carrefour foisonnant qu’est cette année 1913. Carrefour auquel chacun arrive par sa propre voie et à partir duquel, nécessairement, de nouvelles pistes s’ouvrent. J’ai adoré relire les Lettres à Felice de Kafka – qui m’avaient paru si plombantes – avec le recul et la légèreté de Florian Illiès, rire et m’attendrir des passions désespérées de ces artistes qui auraient pu être ratés, m’offusquer de découvrir la fascinante Lou Andreas-Salomé telle une mante religieuse manipulant ses hommes, frémir de découvrir un Hitler jeune et pommé, il aurait pu en rester là.

D’anecdotes en rebondissements, les univers s’entrecroisent, et si je devais en garder un, juste pour moi, ce serait celui de la peinture, que je ne connais pas mais que j’ai eu envie d’approfondir en refermant le livre.

Lu fin 2014 et découvert grâce à L’Esprit Livre, ce roman documentaire fait partie de mes coups de cœur parmi lesquels vous retrouverez plusieurs auteurs cités par Florian Illiès.

Comment je vois le monde – Albert Einstein – 3

Josef Popper Lynkeus

Au détour d’une page de Comment je vois le monde, Albert Einstein nous présente en quelques lignes l’image que lui renvoie Josef Popper-Lynkeus. Comme toujours, ce nom m’intrigue et je veux en savoir en plus. Qui est donc cet homme au nom si particulier ? Einstein le présente comme un ingénieur et un écrivain ; il approuve particulièrement sa vision de la société qui doit être en mesure d’assurer le développement personnel de chaque individu…un précurseur du socialisme en quelque sorte…En faisant quelques recherches rapides sur Popper-Lynkeus, j’ai l’agréable surprise de découvrir non pas seulement un ingénieur et un écrivain mais également un des précurseurs de la philosophie sociale. Je ressens toujours une pointe d’admiration pour ces hommes qui ont su allier les sciences dures aux sciences humaines et sociales. Je reste convaincue que la compréhension du monde nécessite cette double approche à la fois opposée et complémentaire…Issue d’une famille juive, et soumis à la réglementation autrichienne qui interdit aux scientifiques juifs l’accès à la fonction publique, Popper ne peut exercer son métier et ses talents en mathématiques, physique et technologie comme il aurait dû. Il reste toutefois connu pour ses écrits en philosophie sociale et notamment son Droit à l’alimentation.

Résultats, idées, problèmes - Tome II 1921-1938 - Sigmund Freud

En continuant mes recherches rapides sur Google, je constate qu’Einstein n’est pas le seul à mentionner Popper-Lynkeus dans ses écrits. Sigmund Freud, dans ses Résultats, idées et problèmes publie un article entier sur Josef Popper-Lynkeus, daté de 1932. Oui, oui ! J’ai bien dit Freud le psychanalyste…nous sommes dans un tout petit monde de personnages exceptionnels par leurs connaissances scientifiques en tous domaines…Et ça fait du bien ce mélange des genres ! Alors pourquoi Freud s’est-il intéressé à Popper-Lynkeus ? Freud fait surtout référence à un ouvrage en allemand de Popper-Lynkeus Phantasien eines Realisten (Les Fantasmes d’une réalité). Il mentionne un chapitre particulier où Popper-Lynkeus décrit la façon dont rêve le protagoniste de son histoire. Freud venait alors de publier son Interprétation des rêves et on imagine son enthousiasme en lisant sous  la plume de Popper-Lynkeus les mots de ce personnage fictif expliquant que ses rêves n’ont rien d’absurde ou d’impossible et qu’il « est toujours le même homme, qu’il rêve ou qu’il veille ». Popper-Lynkeus avait décrit là sans le savoir la future théorie des rêves de Freud…

Sigmund Freud écrit alors, à propos de Popper-Lynkeus :

« Subjugué par la coïncidence entre mes vues et sa sagesse, j’entrepris dès lors de lire tous ses écrits, entre autres ceux qui concernaient Voltaire, la religion, la guerre, la communauté et ses obligations alimentaires, jusqu’à ce que s’érige clairement devant moi la figure de ce grand homme, penseur et critique doublé d’un philanthrope et d’un homme de réformes bienveillant. »

Voilà une image de Josef Popper-Lynkeus qu’Albert Einstein partageait sans doute…

Freud conclut son article ainsi :

Sigmund Freud en 1921

« Mes innovations en psychologie m’avaient aliéné la faveur de mes contemporains, particulièrement des plus âgés d’entre eux. Il n’était que trop fréquent qu’approchant un homme que j’avais révéré de loin, je me visse pour ainsi dire éconduit par l’incompréhension de ce qui était devenu la substance de ma vie. Josef Popper, quant à lui, provenait de la physique, il avait été l’ami d’Ernst Mach; je ne voulais pas laisser troubler cette agréable impression née de notre accord sur le problème de la déformation du rêve. Ainsi donc, il advint que je différais ma visite jusqu’à ce qu’il fût trop tard et que je ne pusse plus saluer que son buste dans le parc de notre hôtel de ville. »

Josef Popper-Lynkeus meurt en 1921…

Comment je vois le monde – Albert Einstein – 2

Nous laissons H.A. Lorentz et continuons notre voyage avec Albert Einstein. Nous sommes le 26 décembre 1932 et nous fêtons les 70 ans du physicien Arnold Berliner. A cette occasion, A. Einstein rend hommage à son ami en publiant un article dans la revue Les Sciences Naturelles dont A. Berliner est l’éditeur. Einstein y présente une partie de sa vision du métier de chercheur :

The world as i see it - Albert Einstein

« Il n’a donc pas manqué d’arriver que l’activité du chercheur individuel a dû se réduire à un secteur de plus en plus limité de l’ensemble de la science. Mais il y a encore pire : il résulte de cette spécialisation que la simple intelligence générale de cet ensemble, sans laquelle le véritable esprit de recherches doit nécessairement s’attiédir, parvient de plus en plus difficilement à se maintenir à hauteur du progrès scientifique. Il se crée une situation analogue à celle qui dans la Bible est représentée symboliquement par l’histoire de la Tour de Babel. Quiconque fait des recherches sérieuses ressent douloureusement cette limitation involontaire à un cercle de plus en plus étroit de l’entendement, qui menace de priver le savant des grandes perspectives et de le rabaisser au rang de manoeuvre. »

C’est à la suite de ce constat qu’A. Einstein rend hommage aux travaux d’Arnold Berliner qui, en fondant Les Sciences Naturelles en 1913, a largement contribué à la diffusion de la connaissance des chercheurs à destination d’autres chercheurs mais également d’un public plus large. Nous pouvons voir là en quelque sorte les prémices de la communication scientifique (pour ne pas dire vulgarisation, terme connoté trop négativement à mon goût). A travers les actions d’Arnold Berliner, j’admire le respect d’Albert Einstein pour cet homme et j’apprécie sa volonté de rendre accessible la connaissance scientifique ; en commençant par sa propre science puisque qu’Albert Einstein a plus d’une fois publié ses écrits dans la revue Les Sciences Naturelles.

Par ailleurs, en me renseignant un peu sur la vie d’Arnold Berliner, je découvre, derrière le physicien, un juif allemand plongé dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. L’homme était entouré d’une communauté scientifique brillante comprenant plusieurs prix Nobel (cf. Wikipédia pour les détails) et dont nombre de scientifiques était également juifs allemands (dont Einstein). En 1935, 3 ans après la publication de l’article d’Albert Einstein, Arnold Berliner se voit contraint de quitter la rédaction des Sciences Naturelles suite à la politique raciale menée par le gouvernement nazi. A cette occasion, les éditeurs de la célèbre revue britannique Nature publieront dans l‘exemplaire n°136 du 28 septembre 1935 les mots suivants :

La revue Les Sciences Naturelles fondée par Arnold Berliner

« We much regret to learn that on August 13 Dr. Arnold Berliner was removed from the editorship of Die Naturwissenschaften, obviously in consequence of non-Aryan policy. This well-known scientific weekly, which in its aims and features has much in common with Nature, was founded twenty-three years ago by Dr. Berliner, who has been the editor ever since and has devoted his whole activities to the journal, which has a high standard and under his guidance has become the recognised organ for expounding to German scientific readers subjects of interest and importance. »

Finalement, n’ayant pas pu émigrer, Arnold Berliner se suicide le 22 mars 1942 à l’âge de 79 ans suite à l’annonce de sa déportation en camp de concentration.

Quant à la revue Les Sciences Naturelles, elle existe toujours aujourd’hui et publie un numéro par mois.

En commençant ce livre d’Albert Einstein, je pensais recueillir les pensées d’un homme de science sur des sujets essentiellement personnels. Je n’imaginais pas me retrouver à ce point plongée dans la Grande Histoire…Vous me direz sans doute que c’était prévisible. Je ne peux pas m’empêcher de penser que si j’avais lu ce livre sans m’attarder sur certains chapitres comme je le fais ici, je serais sans doute passée complètement à côté de l’histoire d’Albert Einstein (et d’autant plus à côté des destinataires de ses lettres).

Je vous laisse et je retourne à mes lectures…

WE much regret to learn that on August 13 Dr. Arnold Berliner was removed from the editorship of Die Naturwissenschaften, obviously in consequence of non-Aryan policy. This well-known scientific weekly, which in its aims and features has much in common with NATURE, was founded twenty-three years ago by Dr. Berliner, who has been the editor ever since and has devoted his whole activities to the journal, which has a high standard and under his guidance has become the recognised organ for expounding to German scientific readers subjects of interest and importance.

Psychologie du yoga de la Kundalini – C. G. Jung – 2

Mandala de Shiva/Shakti

Voilà quelques jours que j’ai terminé ce livre. Je l’ai laissé reposer un peu…J’ai écrit quelques articles sur certains thèmes abordés notamment les cakra et le serpent. Pour un livre que j’avais du mal à aborder, finalement, j’en ai retiré pas mal de choses. J’ai eu le plaisir d’en apprendre un peu plus sur Shiva et Shakti, dignes représentations déifiés du linga et de la yoni plus anciens. J’admire cette capacité qu’a eu l’hindouisme de transformer au fil des siècles des concepts riches et complexes en divinités incontournables de son panthéon. Et j’apprécie particulièrement l’image du mandala de Shiva/Shakti développé par Jung. Shiva est le point central, le bindu, la puissance créatrice latente. Il n’est pas visible mais sa puissance est bien présente, sous-jacente. La Shakti évolue autour de lui sous la forme d’une roue, ou d’un cakra, pour reprendre les thématiques déjà abordées. Elle est l’énergie créatrice visible et matérielle…mais elle n’est qu’illusion pour les hommes, un jeu du dieu…Cette illusion est aussi nommée Maya. C.G. Jung présente Maya comme un voile tissé de nos expériences passées. De là, il part du principe que les enfants qui n’ont pas encore de passé sont particulièrement sensibles à l’inconscient collectif, thématique essentielle de la psychologie jungienne. Par conséquent, les premiers rêves des enfants présentent souvent les archétypes de l’inconscient collectif que Jung compare aux samskara, aux cycles des réincarnations, aux vies antérieures si vous préférez. Sur ce point, il écrit ces très jolies phrases :

« A vrai dire, les petits enfants sont très vieux ; ce n’est que par la suite qu’ils deviennent plus jeunes. En fait, c’est à l’âge mûr que nous sommes les plus jeunes, précisément à l’époque où nous avons – complètement ou presque – perdu le contact avec l’inconscient collectif, avec les samskara. Et nous vieillissons à nouveau lorsque nous nous remémorons ces samskara avec les années qui passent. »

La comparaison de C.G. Jung sur l’approche de la vie spirituelle en Orient et en Occident a également attiré mon attention. La pensée occidentale explique le monde en général en commençant par l’inférieur pour aller vers le supérieur, on s’appuie d’abord sur la compréhension de l’atome pour expliquer les cellules puis la vie dans son ensemble. L’occidental part de l’inconscient profond pour expliquer des maux actuels de l’individu par exemple et dirige ensuite seulement sa pensée vers l’inconscient collectif. Pour l’Indien, c’est tout l’inverse, au commencement, il y a le brahman, l’Etre suprême et supérieur. Ensuite, il s’intéresse à l’homme, et le soi profond en dernier lieu est une révélation. Ce mode de fonctionnement est totalement impensable en Occident. Sur ce point, Jung écrit à juste titre :

« Imaginez que nous commencions à expliquer le monde sous l’angle du sahasrara et lisions en guise d’introduction à notre conférence ces paroles du Védanta : « Au commencement, ce monde n’était autre que le brahman ; puisque le brahman se trouvait seul, il n’était pas déployé. Ne connaissant que lui-même, il sut : « Je suis le brahman ». Et il devint l’univers. » On nous prendrait sans doute pour des fous, ou l’on penserait à tout le moins que nous tenons une réunion destinée à ranimer la foi. Ainsi, dans la mesure où nous sommes sages et où nous vivons dans la réalité, nous commençons toujours, lorsque nous voulons décrire quelque chose, par les phénomènes de la banalité quotidienne, par la dimension pratique et concrète ».

Evidemment, c’est cette approche scientifique qui fait que Jung est reconnu comme tel en Occident et non comme un mystique de plus qui voudrait diffuser sa foi. Toutefois, je ne peux m’empêcher de penser : si aborder la vie en commençant par ses aspects subtils c’est être fou, alors tous les indiens qui fonctionnent de cette manière sont-il également fous ?? Je ne peux pas m’empêcher de me questionner sur la folie…Evidemment, en tant que Française, je partage le point de vue de C.G. Jung et j’ai besoin de concret pour établir une vérité. J’aime toutefois laisser la porte ouverte à toutes ces vérités qui n’en sont peut-être pas…et pourtant…

Pour conclure cet article, je voudrais citer ces quelques phrases de C.G. Jung sur la nécessité de garder ses distances, en tant qu’occidental, par rapport aux pratiques yogiques notamment. Je les trouve assez révélatrices sur la richesse de la culture indienne…Voici les mots de C.  G. Jung :

« Vous ne devez jamais oublier que l’Inde est un pays très particulier. L’homme primitif a vécu là-bas depuis des temps immémoriaux et s’est développé dans une parfaite continuité. Nous n’avons pas évolué, nous, dans la continuité. Au contraire, nous avons été coupé de nos racines. En outre, les indiens forment une race très différente. Ils sont aryens, certes, mais ils ont aussi subi l’influence des aborigènes dravidiens. C’est pourquoi l’on trouve quelques éléments chtoniens très anciens dans le yoga tantrique. Aussi devons nous admettre que cette philosophie yogique particulière est étrangère à notre sang même, et toute chose dont nous ferons ici l’expérience apparaîtra sous un jour entièrement différent. Nous ne devons jamais prendre ces éléments au pied de la lettre. Ce serait là une terrible erreur, car il s’agit pour nous de processus artificiels. »

Le serpent à travers les mythes

Dans Psychologie du Yoga de la Kundalini, C. G. Jung fait plusieurs fois référence au serpent dans la mythologie. Tout d’abord dans la mythologie tantrique :  le yoga de la Kundalini est aussi appelé yoga de la Shakti.  Shakti-Kundalini est une déesse, c’est elle que l’on représente comme une serpente lovée autour du centre, de l’oeuf primordial, le joyau. La Shakti est l’énergie créatrice du dieu, celle qui « détient le pouvoir », « qui est capable ». Elle créé le voile de l’illusion qui enferme les mortels dans l ‘erreur et l’ignorance et les rend prisonniers de leur désir. Certains courants tantriques liés à Shakti ont pour vocation de libérer l’homme de l’ignorance par l’accomplissement de ses désirs : la libération s’acquiert en atteignant le paroxysme du plaisir… en simplifiant à l’extrême !

Mais Jung ne s’arrête pas là. Pour lui, la Kundalini est également semblable à Soter, le serpent sauveur des gnostiques, le serpent tentateur de la Bible qui offrit la pomme à Eve. Les gnostiques considèrent que le monde matériel est imparfait. Il faut s’en libérer, ou plutôt libérer son âme d’essence divine, de ce monde inférieur pour atteindre l’être suprême par la Connaissance, la gnose. On comprend mieux le rapprochement avec les religions indiennes qui ont également pour objectif la libération de l’âme et du cycle des réincarnations pour atteindre l’Etre Suprême, Brahman, ou encore le nirvana, la félicité suprême ou l’anéantissement total. Pour les gnostiques, le serpent Soter est un sauveur puisqu’il offre à Eve à travers la pomme, la Connaissance, la gnose libératrice qui permettra au mortel de se libérer de ce monde matériel. Pour en savoir plus sur le gnosticisme, le mieux pour commencer est encore d’avoir recours à Wikipédia.

Ouroboros

Toujours dans la mythologie chrétienne, C.G. Jung aborde la question du serpent solaire et du serpent du zodiaque. Je n’ai pas trouvé d’informations supplémentaires sur ces deux notions (apparemment Google n’a pas réponse à tout). Il s’agit, toujours selon Jung de représentations de la métamorphose de la puissance créatrice : la course du soleil est comparé  au cycle de la vie. Quant au serpent, il correspond à la Kundalini qui monte et descend au rythme des évolutions de l’individu. Je ne peux pas m’empêcher de penser ici à l’ouroboros, ce serpent qui se mord la queue et représente ainsi le cycle éternel de la nature.

Quetzalcoatl, le serpent à plumes

Au cours de ces allusions aux serpents, C.G. Jung mentionne également l’une de ses patientes qui rêvait régulièrement d’un indien… Une nuit, l’indien se transforma en serpent à plumes. Ce rêve et la confession qui s’ensuivit auprès de son thérapeute lui permis d’achever sa thérapie. Pour C.G. Jung, il est évident que le serpent à plumes des rêves de sa patiente n’est autre que Quetzalcoatl, le dieu aztèques, également reconnu par les peuples mayas, toltèques, olmèques et mixtèques. Il s’agit du dieu rédempteur des indiens d’Amériques, symbole de la mort et de la résurrection mais également inventeur des livres et du calendrier, donc de la Connaissance. Selon Jung, le serpent à plume Quetzalcoatl incarne l’esprit de l’inconscient dans la psyché de l’américain.

La puissance du serpent d’Arthur Avalon

Pour conclure sur le sujet, je mentionnerai un ouvrage de référence cité deux fois par Jung dans Psychologie du Yoga de la Kundalini. Il s’agit de la Puissance du serpent de John Woodroffe, également connu sous le nom d’Arthur Avalon, l’un des premiers orientalistes britanniques qui a largement contribué à la diffusion de la philosophie hindoue et des pratiques yogiques en Occident, notamment par ses traductions du sanskrit. L’ouvrage traite essentiellement des pratiques tantriques liées au yoga de la kundalini tout en laissant de côté les théories farfelues sur la sexualité tantrique et autres sujets à la mode. L’auteur étant spécialiste en la matière, l’ouvrage est réputé pour diffuser une connaissance véridique du tantrisme. Je suis curieuse d’en savoir plus…

[NB : J’ai déniché ce petit récapitulatif. Il provient d’un site présentant les différents éléments d’un jeu de rôle…Rien de bien fiable a priori mais le panorama dressé sur les serpents est tout de même intéressant : il reprend les éléments cités plus haut et en intègre de nouveaux, à commencer par la Vouivre proposée par Herr V en commentaire. Tous les serpents présentés ici ne sont pas assimilés à la Connaissance; et je m’interroge toujours sur l’escarboucle que la vouivre porte sur le front…Mis à part la valeur financière inestimable de ce joyau, quels sont réellement ses pouvoirs ? Peut-on parler de pierre philosophale ?  De Saint-Graal ? J’ai vu sur Wikipédia, que l’escarboucle pouvait transformer le fer en or… Est-ce qu’il y aurait un rapport avec l’alchimie ?]