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Voyage au centre de la Terre – Jules Verne

9782253012542-tLes cercles de lecteurs ont parfois cet avantage qu’ils vous font redécouvrir les auteurs de votre enfance. Je gardais un assez mauvais souvenir du célèbre De la terre à la lune, et si j’avais aimé Les révoltés du Bounty, j’avais complètement oublié que Jules Verne en était l’auteur. Les souvenirs de lectures divers et variés des lecteurs de la bibliothèque de Lyon m’ont convaincue de retenter ma chance avec l’indémodable Voyage au centre de la Terre et grand bien m’en fit !

Dès les premières lignes, j’ai adoré découvrir le caractère si bien trempé du Professeur Lidenbrock, le dévouement de la bonne Marthe et la couardise du pauvre Axel. Je me suis prise au jeu des énigmes du mystérieux naturaliste islandais Arne Saknussemm. J’ai pris grand plaisir à découvrir les paysages islandais du XIXème siècle dans les écrits du célèbre écrivain français. De quoi raviver ma curiosité pour ces contrées reculées ! J’ai retrouvé ma fascination d’enfant pour les volcans, la lave, les grottes, les mers disparues et autres lieux merveilleux. J’ai subi l’oppression des étroits couloirs souterrains, j’ai senti mes lèvres et ma gorge se dessécher avec celles d’Axel, j’ai connu la solitude et la peur du néant et du noir, puis l’émerveillement, le désespoir à nouveau, l’approche de la mort, et les improbables retournements de situations… J’y ai cru à chaque seconde !

Indéniablement Jules Verne est un auteur à (re-)lire à tout âge, je pense déjà à Vingt mille lieues sous les mers… et à quelques autres écrivains islandais. 😉


Voyages au centre de la Terre – Jules Verne
vignettes par Riou

préface et commentaires de Jean-Pierre Goldenstein
Pocket, 1999, 487 p.


Challenges concernés 

Challenge Multi-défis 2016 : un classique du 19ème

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Premières lignes… #9

I

Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l’une des plus ancienne rue du vieux quartier de Hambourg.
La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine.
« Bon, me dis-je, s’il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des hommes, va pousser des cris de détresse.
– Déjà M. Lidenbrock ! s’écria la bonne Marthe stupéfaite, en entrebâillant la porte de la salle à manger.
– Oui, Marthe ; mais le dîner a le droit de ne point être cuit, car il n’est pas deux heures. La demi vient à peine de sonner à Saint-Michel.
– Alors pourquoi M. Lidenbrock rentre-t-il ?
– Il nous le dira vraisemblablement.
– Le voilà ! je me sauve, monsieur Axel, vous lui ferez entendre raison. »
Et la bonne Marthe regagnât son laboratoire culinaire.

Voyage au centre de la terre – Jules Verne [incipit]

Un rendez-vous initié par Ma lecturothèque, suivi par Georges, La chambre rose et noire,Moka,Au café bleuNadège, et Mon univers Fantasy.

Le meilleur des mondes – Aldous Huxley

Il devait être écrit quelque part que cet été serait placé sous le signe de la science-fiction. Après La nuit des temps de René Barjavel, je n’ai pas su résister à la phrase tentatrice de mon amie Rita « Et Le meilleur des mondes tu l’as lu ? Si c’est pas le cas tu devrais, il est là sur mon étagère… ». Je n’ai pas eu le cœur de lui laisser prendre la poussière d’avantage.

Voilà un de ses livres qui m’aurait bien fait manquer mon arrêt de tram pour me rendre au travail – critère infaillible pour évaluer mon degré d’immersion dans un bouquin. Dès les premières pages, je m’exclamais presque à voix haute devant les descriptions de l’implacable usine à fabriquer des humains « stables ».

Publié en 1932, ce roman se présente comme une critique du fordisme, du communisme, et peut-être aussi comme une apologie du christianisme. Il décrit ce meilleur des mondes dans lequel l’homme serait débarrassé de toutes ses angoisses, jouissant d’un bonheur immédiatement omniprésent, où chacun est conditionné à vivre heureusement pour les autres. L’absurde atteint son paroxysme pour mieux trouver sa réponse dans l’art et la littérature. Shakespeare y est mis à l’honneur dans sa dimension la plus tragique et Voltaire n’est pas non plus en reste. Aldous Huxley a le génie de nous faire aimer nos angoisses, savourer nos absurdités comme des marques de notre humanité ô combien précieuse.

Suis-je la seule à puiser tant d’énergie dans ce livre ? L’avez-vous lu ? Comment l’avez-vous vécu ?


Le meilleur des mondes – Aldous Huxley, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Jules Castier
Pocket, 2011, 319 p.
Première publication : 1932


Challenge concerné
(cliquez sur l’image pour les détails)

La nuit des temps – René Barjavel

« Rho le Barjavel!!!!! » s’exclamait Galéa en commentaire de mon article du 3 juin dernier sur mes petites emplettes du mois. Aurais-je donc fait mouche en craquant pour ce classique de la SF déniché dans les étagères du Café des artistes ?

Le risque de me planter était, avouons-le assez faible. J’avais lu un autre Barjavel il y a déjà quelques années, Les chemins de Katmandou, dans la foulée de Flash ou le grand voyage de Charles Duchaussois – j’étais dans « ma période toxico-asiatique » 😉 . Et je me souviens avoir aimé, bien que mes souvenirs, 5 ans plus tard, soient plutôt confus.

Pour une fois, « mes petites emplettes littéraires » n’auront pas trop traînées sur ma pile-à-lire. Ni une ni deux Inganmic me propose une lecture commune pour le 28 juillet – aujourd’hui en somme – et je me plonge dans le récit… avec délice.

La nuit des temps, dans mon calendrier de lecture, faisait suite au Rivage des Syrtes de Julien Gracq. Le pari était audacieux. Epuisée par cette lecture riche, lente et à la digestion fastidieuse, me plonger dans un nouveau classique m’inquiétait un peu. Futile tourment ! Les premières lignes d’une lettre d’amour enflammée et desespérée auront eu raison de mes préjugés ; et je n’ai décroché les yeux du roman qu’à grand peine, pestant contre les tramways trop rapides (je lis dans les transports en commun), mon manque de résistance au sommeil et contre tout autre obstacle m’imposant de quitter les aires glaciaires de l’Antarctique ou l’harmonieuse compagnie d’Eléa et Païkan !

Je ne suis pas une grande lectrice de science-fiction, je ne m’adonne que très rarement à ce genre littéraire, sans doute à tord puisque j’y trouve grand plaisir – citons pour l’exemple La Horde du Contrevent d’Alain Damasio. Ces romans questionnent avec justesse nos sociétés actuelles et apportent leur lot de rêves, de réponses ou de signaux d’alarmes au lecteur emballé.


La nuit des temps – René Barjavel
Pocket, 2014, 410 p.
Première édition : 1968


 

 

La lettre qui allait changer le destin d’Harold Fry – Rachel Joyce

Objectivement, j’ai toutes les raisons du monde de ne pas aimer ce livre.

L’écriture simple – ce qui n’est pas un mal – est chargée de lieux communs. Les personnages sont caricaturaux à l’extrême : un couple de petit vieux plan-plan qui n’ont rien à se dire depuis des années et sombrent doucement mais sûrement dans une léthargie maladive. Des jeunes systématiquement pommés. Des quadragénaires obsédés par le gain, la consommation, etc. Des femmes toujours douces et gentilles, mise à part l’épouse d’Harold, une vraie mégère mais ce n’est pas de sa faute, elle a le cœur brisé.

Le pèlerinage – le titre original est The unlikely pilgrimage of Harold Fry – soudainement entrepris par M. Fry se voudrait non religieux, et pourtant j’ai l’impression de lire un remake d’Immortelle randonnée – que je n’ai pas lu d’ailleurs et qui a été publié après le livre de Rachel Joyce. Tout ça pour dire que mise à part la prière – et encore – tous les éléments d’une marche le long de la route de Compostelle y sont réunis : les doutes, les rencontres, la douleur, l’isolement, le vacarme des grandes villes, le lavement de pied – si-si je me demande même si Jean-Christophe Rufin est allé jusque là dans son récit – la visite d’église et autres sites touristiques, et puis l’arrivée évidemment…

Voilà, j’ai fait ma langue de vipère. Et dire que ce livre est un cadeau, j’ai honte. Pardon Cyve. Pardon et Merci ! 🙂

Parce que si j’ai toutes les raisons objectives de détester ce livre, dans les faits je l’ai dévoré, j’ai avancé avec Harold avec plaisir tout au long des 400 pages de ce roman que j’ai lu en 2 jours à peine – les vacances ça aide. Si l’écriture n’est pas très élaborée, j’ai tout de même eu la surprise de découvrir dès la première page une pelouse « transpercée en son milieu par le séchoir télescopique », qui aura largement contribué à me faire tourner la deuxième page. On alterne phrases attendues et descriptions rocambolesques.

Si les personnages ne sont pas très fouillés, ils n’en sont pas moins hyper attachants, quant au pèlerinage, il reste une jolie leçon de vie qui m’invite toujours et encore à réfléchir à ce que pourrait être la foi pour mes contemporains – et pour moi-même – en ce début 2015. La foi au XXIème est d’ailleurs le sujet du reportage malvenu que doit subir Harold… J’en suis un peu vexée, j’en aurais bien fait un sujet d’étude personnel…

Comme souvent, c’est à partir d’œuvres très simples comme celle-ci que j’en viens à formuler, enfin, des questions qui me sont chères – je vous épargne les réflexions « hautement » philosophiques qui me viennent à l’esprit en regardant la série Once upon a time.

Pour conclure, La lettre qui devait changer le destin d’Harold Fry est un livre drôle, tendre, simple et ça fait du bien dès l’instant où l’on accepte de ne plus trop se prendre au sérieux ;).

Ce livre est chroniqué dans le cadre du Challenge ABC Critiques de Babelio (retrouvez ma liste de livre en cliquant sur le lien).