Je prolonge un peu mes vacances normandes en compagnie d’Inganmic par la lecture de cet énième volet des aventures d’Arsène Lupin. C’est aussi l’occasion pour moi de découvrir l’incomparable style de Maurice Leblanc et de m’acclimater progressivement au roman policier.
Le premier point qu’il me semble nécessaire de relever est l’extrême densité de ce court ouvrage, en quelques deux cent pages, j’ai eu le sentiment d’en parcourir le double. Mon temps de lecture était considérablement ralenti, non par manque d’intérêt – bien au contraire – mais pas la multitude de détails décisifs dans le déroulement du récit. La logique déployée par le jeune Isidore Bautrelet, et par l’auteur lui-même, pour aboutir aux conclusions de chaque revirement est admirable de précision. Les matheux.ses parmi vous s’en régaleront ! Si tant est qu’il y en ait quelques-un.es sur la blogosphère littéraire.
Parcourir la France sur les traces d’Arsène Lupin aura été pour moi un véritable délice. Si j’espérais bien retrouver les falaises étretataises et revivre un tant soit peu les douceurs estivales, en revanche, je ne m’attendais pas à ce qu’Arsène Lupin vienne se réfugier dans ma région natale, berrichonne, ni à voir défiler sous mes yeux les noms d’improbables villages que je pensais connus de moi seule et éventuellemen de quelques riverains. Quelle agréable suprise ! Maurice Leblanc maitrise sans conteste la géographie des campagnes françaises dans ses moindres recoins ! Voilà un livre que je recommanderai volontiers à toute la famille, ne serait-ce que pour déambuler en littérature entre Cuzion et Eguzon, Issoudun et Châteauroux, et pour le plaisir évidemment de percer le mystère de l’étrange aiguille creuse dans toute sa profondeur historique – rois de France et Révolution, Romains et ducs normands sont également au programme…
Je ne vous en dit pas plus et vous invite à me suivre :
« Raymonde prêta l’oreille. De nouveau et par deux fois le bruit se fit entendre, assez net pour qu’on pût le détacher de tous les bruits confus qui formaient le grand silence nocture, mais si faible qu’elle n’aurait su dire s’il était proche ou lointain, s’il se produisait entre les murs du vaste château, ou dehors, parmis les retraites ténébreuses du parc.
Doucement, elle se leva. Sa fenêtre était entrouverte, elle en écarta les battants. La clarté de la lune reposait sur un calme paysage de pelouses et de bosquets où les ruines éparses de l’ancienne abbaye se découpaient en silhouettes tragiques, colonnes tronquées, ogives incomplètes, ébauches de portiques et lambeaux d’arcs-boutants. Un peu d’air flottait à la surface des choses, glissant à travers les rameaux nus et immobiles des arbres, mais agitant les petites feuilles naissantes des massifs ;
Et soudain, le même bruit… C’était vers sa gauche et au-dessous de l’étage qu’elle habitait , par conséquent dans les salons qui occupaient l’aile occidentale du château.
Bien que vaillante et forte, la jeune fille sentit l’angoisse de la peur. Elle passa ses vêtements de nuit et prit les allumettes. »
L’aiguille creuse – Maurice Leblanc
Le livre de poche, 1964, 216 p.
Première publication : 1909
Challenges concernés
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Je ne suis pas du tout une matheuse mais je tenterai certainement l’expérience 🙂 Je suis contente de voir que tu as aimé. J’hésitais à me lancer, je suis maintenant convaincue !
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Pourquoi hésitais-tu ? Je n’avais jamais lu Maurice Leblanc et je n’ai vraiment pas regretté ! C’est très différent de mes lectures habituelles, cela dit j’ai adoré le style et la rigueur de l’écrivain dans son raisonnement logique, sans compter le final évidemment^^
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J’avais envie de me plonger dans l’univers d’Arsène Lupin mais je ne savais pas du tout à quoi m’attendre… A part le personnage (que je pense pouvoir apprécier), j’avais un peu peur de moins accrocher à la plume de l’auteur. Du coup c’est décidé je vais tenter 🙂
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Et bien, cela fait une lecture commune fructueuse de plus… C’est vrai que les intrigues de Leblanc sont admirablement construites.. ce qui les rend passionnantes !
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Je l’avais acheté dans une librairie d’Etretrat. C’était un peu cliché mais j’avais saisi l’occasion 😉
J’en garde un excellent souvenir.
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J’ai dû l’acheter dans la même seule et unique librairie d’Etretat 😉
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Rho la la, j’avais été éblouie par la lecture de ce livre quand j’étais jeune, qu’est ce c’était bien fichu ma parole 😉 Tu me donnes envie de le relire, ce que je n’ai pas fait essentiellement parce que j’avais peur que mon regard d’adulte soit trop critique. Grâce à ton billet je suis rassurée sur ce point.
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Rassure-toi ! En effet, les adultes aussi y trouvent leur compte 😉
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Je l’ai lu voici quelques années après un passage à Etretat, j’ai été tenté.
C’est le seul roman que j’ai lu de l’auteur.
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Je n’en ai pas lu d’autres non plus, mais je pense que j’y reviendrai à l’occasion. J’aime beaucoup son style et cette précision logique !
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Monsieur Lupin ?
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