Que j’aime lorsque les bibliothécaires et les libraires mettent en avant des recueils de poésie contemporaine ! J’y trouve souvent de quoi satisfaire mon appétit de nouveauté et de bizarrerie littéraire. A la médiathèque du Bachut, le mois dernier, Anne Mulpas trônait sur une table à proximité d’Alejandra Pizarnik et bien d’autres réjouissances. J’ai embarqué Pizarnik savourant par avance un plaisir que je savais certain et j’ai tenté timidement d’approcher Anne Mulpas. Grand bien m’en fit !
Je lis régulièrement de la poésie mais encore trop peu pour être capable d’apprécier la construction d’un recueil et l’évolution souhaitée par l’auteur ou le compilateur en ordonnant les poèmes dans un sens plutôt qu’un autre. Avec La nue d’Anne Mulpas j’ai pu me surprendre à déceler ce savoir-faire.
La nue n’est pas donnée. Mais progressivement chaque nouveau poème lève le mystère sur cet « autre » ou ce « soi » décrit par l’auteur. Petite boule nichée au creux des reins, La nue se fait successivement désir, douleur féminine, élan créatif, embryon, enthousiasme ou désespoir, hormone femelle. La nue presque animale se fait muse pour la poète-femme dans un recueil extrêmement charnel et charnu, maternel et féminin. Le corps féminin est à l’honneur ici dans toute sa trivialité et dans toute sa corporéité, sans idéal mais non sans douceur et beauté.
Ces quelques vers pour vous donner la tonalité :
Je ne vois n’entend rien de plus
que le gargouillis intolérant des ventres pleins
et le silence des têtes
La nue quel espoir pour quel espoir
te trémousses-tu
dans quelle oreille chatouiller le désir d’être
de n’être plus rien rien de plus aimant
∩∩∩
L’âme à l’étroit
dans son étui crémeux
un escargot
le monde s’essuie les doigts
∩∩∩
La nue
étire le désir
de connaître
le jour
dans sa séparation
La nue – Anne Mulpas
Dumerchez, 2007, 60 p.
Quel plaisir de trouver d’autres amateurs que moi de poésie contemporaine ! Et grâce à toi, je découvre cette auteure jusqu’ici inconnue. Merci !
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Ouf ! Je ne suis donc pas seule sur la blogosphère à lire (et chroniquer tant bien que mal) de la poésie ! SI tu repères de nouveaux auteurs intéressants, je serais toujours curieuse de te lire !!
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Enfin j’exagère… c’est vrai qu’il y a quelques autres blogs qui abordent la question mais si peu à mon goût…et les articles sur la poésie sont tellement moins lus que les autres aussi…
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Je fais partie de ceux qui ne lisent pas (plus) de poésie, en grande partie je pense à cause d’une méconnaissance des auteurs actuels (et d’une incapacité, avant le coup, à trier le bon grain de l’ivraie).
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Je comprends. En l’occurrence, ce titre était mis en avant par un bibliothécaire grand lecteur de poésie. Souvent, je demande aussi conseil en librairie pour la poésie, ou je lis des auteurs cités par d’autres auteurs que j’apprécie, ou je picore sur les blogs. Notamment sur Beauty will save the world : https://schabrieres.wordpress.com/
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