Laisser venir les secrets – Mâkhi Xenakis

Alors que je venais à peine d’entreprendre le Challenge ABC, je suis allée à la bibliothèque de mon quartier pour rendre quelques ouvrages dont les retards commençaient à s’accumuler. Sur le présentoir des coups de cœur, j’ai tout de suite été attirée par la surprenante couverture noire et le format très allongé du petit ouvrage de Mâkhi Xenakis. Le nom ensuite, Xenakis, me rappelait quelque chose… En creusant un peu ma mémoire de poisson rouge, je me suis souvenue l’avoir lu parmi les listes de mes co-challengers. Mais à tout bien y repenser, il s’agissait d’une certaine Françoise Xenakis, qui par ailleurs m’est totalement inconnue. Ravie, dans tous les cas, d’avoir peut-être trouvé le X qui manquait encore à ma liste de lecture, j’ouvre curieusement le joli livret. L’apparence est surprenante jusqu’à l’intérieur même. Je n’ai attrapé ni un roman, ni même un recueil de nouvelles, peut-être un peu de poésie égarée sur le mauvais présentoir… Les quelques phrases par page sont très espacées entre elles, disposée de manière presque aléatoire : les blancs semblent, sans même avoir commencé à lire, avoir autant d’importance que les mots.

J’ai dépassé depuis longtemps le seuil de la simple curiosité devant une jolie couverture. Déjà conquise, je me dirige vers la banque de prêt.

A la lecture, Mâkhi Xenakis ne me déçoit pas non plus. Bien au contraire. Laisser venir les secrets est un recueil de deux nouvelles : la petite fille et jalousie. La première me transporte dans la peau d’une petite fille qui grandit et doit surmonter ses angoisses. La mise en page est telle que je m’arrête sur chaque mot, chaque miette du texte est lourde de sens. La lecture s’impose avec lenteur et profondeur. Sans aucune ponctuation, le texte demande à être lu et savouré d’une seule traite. Dans la même lancée, la seconde partie, jalousie, concerne, cette fois, une femme mariée et trompée. Le sentiment décrit m’envahit un peu plus à chaque vers. Dans les deux nouvelles, je peux sentir monter en moi, intimement, la violence et l’intensité des émotions des personnages.

Je pourrais m’arrêter là et ce simple livre embarqué par hasard serait déjà une excellente surprise. Mais ce n’est pas fini. Mâkhi Xenakis n’est pas seulement écrivain. Elle dessine aussi. L’étrange couverture qui m’avait interpellée dès le début est réalisée par ses soins. Et Laisser venir les secrets est jalonné de plusieurs de ses œuvres aux pastels noir et rose, au crayon. Le texte et le dessin sont remarquablement liés : l’un éclaire l’autre et réciproquement. Pour vous donner un exemple, j’ai choisi de m’approprier l’un des ses tableaux en l’intégrant au bandeau de ce blog : le Grand triptyque aux 3 vides n°1.

Pour vous faire votre propre opinion, il existe un site web de Mâkhi Xenakis. Quant à moi, je retourne au papier : lorsque le livre devient devient objet d’art, pourquoi se contenter du numérique. 😉

4 réflexions au sujet de « Laisser venir les secrets – Mâkhi Xenakis »

    1. Moglug Auteur de l’article

      J’aime aussi beaucoup les romans de longue haleine ! Mais il est vrai que quelques bonnes nouvelles de temps en temps, c’est très agréable ; comme celles de Mâkhi Xenakis par exemple, mais aussi celles de Franz Kafka, Quim Monzo, Ray Bradbury… Entre deux romans, cela permet de faire une transition en douceur. Et certaines nouvelles (comme celles de Kafka) sont aussi fortes qu’un bon roman dans le message, les sensations et émotions véhiculés 😉

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  1. Lili

    Comme toi, j’aime me laisser séduire par une couverture charmante et celle-ci est particulièrement puissante ! On a envie de plonger dans le livre et de se laisser hypnotiser ! En plus, si l’auteure mélange avec talent la poésie, la nouvelle et les arts graphiques… Miam ! Je note ton bon conseil de lecture 🙂

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