Archives du mot-clé Raconte-moi la terre

Cent ans de solitude – Gabriel García Márquez

quiz_100-ans-de-solitude_4040Le comble du luxe de lecteur : lire Cent ans de solitude dans un bus sillonnant les Andes colombiennes. Je l’ai fait ! Et j’en garde un souvenir mémorable quand bien même je n’aurais pas poussé mon périple jusqu’au village de Macondo – s’il avait réellement existé. Cette lecture date déjà de mai 2015 et je vous l’avais mentionnée dans mes coups de cœur de fin d’année sans jamais prendre le temps de développer mes impressions.

Cent ans de solitude correspond à ma première immersion – hautement réussie – dans l’univers foisonnant du prix Nobel de littérature de 1982. Je suis encore surprise qu’un simple objet-livre de 460 pages ait pu m’entrainer si loin géographiquement et temporellement. J’ai traversé un siècle d’histoire, me suis liée d’amitié avec chaque membre de la famille Buendia, me suis perdue dans la frénésie des noms, ivre de tant de détails réalistes, frisant tout à la fois le fantastique, me surprenant à trouver cette frontière naturelle. Rarement un roman m’aura permis d’accéder de la sorte à la découverte de l’autre, m’invitant à devenir observateur extérieur des membres de cette étrange famille. Je suis habituellement d’avantage tournée vers les récits introspectifs, et je m’étonne avec Cent ans de solitude à me sentir totalement concernée par les choix, les erreurs, les départs et les retours, les réussites de ceux qui font la vie du village de Macondo. Je suis transportée dans l’Histoire, sensible aux histoires, inquiète, joyeuse, apeurée ou attristée, enthousiaste, esseulée, effondrée, extasiée au rythme des solitudes bousculées façonnant la vie des Buendia.

Et que vous dire enfin de la langue de Gabriel García Márquez ! Elle vous entraîne dans une danse effrénée, riche de mille détails, constituant un destin unique en quelques phrases à peine, alternant l’intime et l’historique, le quotidien et le formidable, la sagesse et la folie… Cent année de solitudes indiviuelles ou collectives brassées dans un style ravageur, se prêtant à tout propos, se renouvellant incessamment…

« Et si quelqu’un se trouvait là, elle lui expliquait :

– ça me rend heureuse de savoir les gens heureux dans mon lit.
Jamais elle ne faisait payer ce genre de service. Jamais elle ne refusait cette faveur, et pareillement ne la refusa jamais aux innombrables hommes qui la cherchèrent jusqu’au crépuscule de sa maturité, sans lui donner argent ni amour, mais seulement parfois du plaisir. Ses cinq filles, héritières d’une si ardente semence, se perdirent dès l’adolescence par les chemins scabreux de la vie. Des deux garçons qu’elle parvint à élever, l’un mourut au combat dans les troupes d’Aureliano Buendia, l’autre fut blessé et capturé à l’âge de quatorze ans, alors qu’il essayait de voler un grand cageot de poules dans un village du marigot. »

Quel court extrait pour mille destins bien plus vastes et pas moins misérables… J’espère seulement avoir suscité chez vous le désir de lire à votre tour Cent ans de solitude.


Cent ans de solitude – Gabriel García Márquez
traduit de l’espagnol (Colombie) par Claude et Carmen Durand
Points, 1995, 460 p.
Première traduction française : Editions du Seuil, 1968
Première publication : Cien años de soledad, Editorial Sudamericana, 1967


Challenges concernés

Challenge multi-défis 2016 : une fresque familiale

f889b-chili1

2015 est derrière moi…

En ce 2 janvier 2016, l’heure est venue de reprendre mes déjà-presque-vieux carnets de lecture et de faire le point sur les plus marquantes. Autant vous l’avouer de suite, le choix est difficile parmi les 84 livres lus cette année, je compte 33 romans, 14 récits biographiques, 9 essais, 2 ouvrages de littérature érotique, 6 bandes dessinées, 13 recueils de poésie, 3 pièces de théâtre et 4 recueils de nouvelles. 71 de ces ouvrages ont été (ou vont être très prochainement) commentés sur le blog… J’ai effectivement du retard dans mes chroniques. J’ai tant bien que mal extrait 15 titres de cet ensemble que je peux qualifier de lectures remarquables (ma première sélection en comptait presque le double…).

Si j’ai régulièrement lu de la poésie en 2015, ce genre est beaucoup moins présent cette année dans mes coups de cœur. Je retiens un titre découvert à la charnière 2014 – 2015 qui avait échappé de justesse, pour des raisons chronologiques au bilan de l’année passée. Il s’agit de Textes d’Ombre d’Alejandra Pizarnik, une poétesse argentine que j’ai grand plaisir à relire à et conseiller à qui s’intéresse au genre.

131

2015 est également l’année où je me suis (re-)plongée dans la littérature érotique. Avec seulement deux titres à mon actif, j’en propulse toutefois l’un des deux dans cette liste de coups de cœur, il s’agit du recueil de nouvelles d’Anaïs Nin, Venus Erotica, j’espère continuer à lire cette auteur en 2016.

41lnjogwdcl-_sx307_bo1204203200_

La littérature d’Europe de l’Est, ensuite, est à l’honneur avec quatre auteurs. Bohumil Hrabal pour la République Tchèque avec Une trop bruyante solitude,  publié et censuré  sous l’ère communiste, retrace le quotidien d’un ouvrier comprimé par l’autoritarisme nazi. Grâce à Sandrine du blog Tête de lecture et à ses rendez-vous autour de l’émission l’Europe des écrivains diffusée sur Arte, j’ai pu être initiée à la littérature roumaine à travers les écrits de Mircea Cărtărescu. Entre les deux ouvrages que j’ai lu, Orbitor et le recueil de nouvelles Pourquoi nous aimons les femmes, je suis absolument incapable de choisir ! Toujours à l’Est, du côté de la Pologne cette fois, je vous recommande chaudement Les neiges bleues dont je dois à nouveau la découverte à Sandrine (oh merci, merci !). J’ai d’ailleurs repéré ce titre, ce matin même dans la pile à lire de Jérome. Jérome, si tu lis ce bilan, tu sais ce qu’il te reste à faire. 😉
Pour pousser encore un peu notre voyage vers l’Est, je me dois de vous parler d’un auteur russe déniché sur Babelio, il s’agit de Leonid Andreïv dont l’énoooooorme recueil de nouvelles Le gouffre (et autres récits) est absolument sidérant de finesse, de tendresse, et dans le même temps de solitude et d’angoisse. Parfait pour les âmes malmenées.

Pour continuer sur la littérature étrangère, les Etats-Unis, l’Angleterre, la Colombie, et l’Inde sont également au rendez-vous de mes plus belles lectures 2015. Tout d’abord avec le classique Moby Dick, relu avec un très grand plaisir dans le cadre d’une lecture commune avec Aaliz, tristement absente de la blogosphère depuis le mois d’août dernier. Cartographie des nuages, peut-être plus connu sous le nom de son adaptation cinématographique Cloud Atlas, est un roman choral absolument impressionnant à la fois par son récit et par la maîtrise stylistique de l’auteur David Mitchell. Je ne l’ai pas encore fait, mais je ne désespère pas de vous commenter le monumental Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez. Plus discret et extrêmement sensible, j’ai également envie de citer ici Le toit de tôle rouge de Nirmal Verma, conseillé par Marine.

L’équilibre entre littérature française et étrangère est maintenu puisque sur les 84 ouvrages lus, 41 ont été écrits par des français contre 43 par des auteurs étrangers (tous pays confondus). Malgré tout, pour la France, je ne retiens cette année que 3 livres (contre 6 en 2015). Les trois m’ont été conseillé par mon ami et libraire Julien. Il déteste que je le cite sur ce blog mais dans la mesure où il est également à l’origine de mes lectures d’Une trop bruyante solitude, de Cartographie des nuages, de Cent ans de solitude et de très nombreux autres excellents titres dont vous retrouverez mes avis en cliquant sur le tag « Julien », il est difficile de s’abstenir de le nommer. Pour en revenir à la littérature française, Julien est l’une des rares personnes à savoir me persuader de lire des polars et romans noirs. Cette année particulièrement, il m’a convaincue et complètement bluffée avec un livre d’Anne-Catherine Blanc, qu’il a par ailleurs largement défendu à Quais du polar, Les chiens de l’aubeDans un tout autre registre, il m’a offert un livre que je n’ai pas encore commenté – pour cause de trop grande implication personnelle dans ma lecture -, L’invisible dehors : carnet islandais d’un voyage intérieur de Pierre Cendors. Je n’ai jamais lu de récit de voyage aussi intime et aussi riche dans la description d’un espace intérieur. Le troisième livre écrit par un auteur français est un essai de Nicolas Cavaillès, Le saut des baleines, une apologie de l’absurde et de la liberté écrit dans une langue extrêmement technique, un ouvrage absolument hallucinant et hors norme que je vous invite à découvrir à votre tour.

Pour clore cette liste de coups de cœur 2015, j’intègre pour la première fois un roman graphique dont je vous parlais pas plus tard que la semaine dernière, Le piano oriental de Zeina Abirached.

liv-8520-le-piano-oriental

Enfin, et avant de vous laisser avec le bilan statistique de WordPress, je remercie les commentateurs réguliers de ce blog : Alex, Jérome, Alison qui s’est malheureusement pour nous retirée de la blogosphère, Anne et Chapitre Onze. Je remercie également les personnes plus discrètes mais avec lesquelles les échanges littéraires ne  sont pas moins riches sur le web et souvent ailleurs : Mina, Cyve, Lili, Mior dont le blog est en berne, Valentyne, Marilyne dont la présence sur Lire et merveilles me manque aussi,  Sandrine, Marine, Aaliz dont le retour sur la blogosphère ne tardera pas trop je l’espère, Maman, Kamila, Julien, Rita, Marina, Vanessa… et puis les silencieux qui passent ici sans le dire et y trouve peut-être quelque chose pour eux.

Je vous souhaite à tous une belle année 2016 !

Et laisse place aux lutins de WordPress et à leur rapport annuel. 😉

En voici un extrait :

Le Concert Hall de l’Opéra de Sydney peut contenir 2 700 personnes. Ce blog a été vu 12 000 fois en 2015. S’il était un concert à l’Opéra de Sydney, il faudrait environ 4 spectacles pour accueillir tout le monde.

Cliquez ici pour voir le rapport complet.

Mes petites emplettes littéraires… #12

Une fois de plus, il semblerait que ce mois d’octobre ait connu une vague de débordements augmentant considérablement la taille des quasi-montagnes de livres pesant sur le mobilier de mon salon – il y a bien longtemps que mes livres n’entrent plus dans mes étagères. 😉

Pour commencer comme il se doit, je me suis offert un chef-d’oeuvre
– parait-il, me le confirmerez-vous ?

A la bibliothèque de la Part-Dieu,
j’ai préparé les rendez-vous de Sandrine autour de L’Europe des écrivains

    

Il semblerait qu’un week-end amstellodamois se prépare 😉

Parce que je suis une femme chanceuse,
j’ai reçu de nouveaux cadeaux, et pas des moindres !

   

Parce que je suis une femme décidément très chanceuse,
j’ai aussi reçu une dédicace que je ne saurais vous dévoiler sous aucun prétexte 😉

Mes petites emplettes littéraires… #4

Au concours, j’ai gagné…

… de quoi préparer Quais du polar, merci au Livre de Poche et à Vendredi Lecture !

En bibliothèque, j’ai suivi de bons conseils…

En librairie, je l’ai joué diversifié 😉

  

Et pour conclure, je suis en quête d’auteurs colombiens – autre que Gabriel Garcia Marquez que je lirai quoi qu’il arrive – avez-vous quelques bonnes idées de lecture?