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Sur les ossements des morts – Olga Tokarczuk

9782369141150S’il fallait classer ce roman d’Olga Tokarczuk, le rayon polar lui conviendrait sans doute. Cependant Sur les ossements des morts fait partie de ces récits un peu touche-à-tout propice à amener le lecteur hors de sa zone de lecture habituelle, en l’occurrence à amener la récalcitrante au polar que je suis à la lecture d’un polar et, qui plus est, à l’apprécier.

Sur les ossements des morts se déroule dans la montagne polonaise, près de la frontière tchèque. Les hivers dans ce lieu sont particulièrement rigoureux, le réseau téléphonique aléatoire, les habitants saisonniers. Seuls Matonga, Grand-Pied et Janina Doucheyko, la narratrice, vivent à l’année dans ce hameau reculé. Une nuit, Matonga toque à la porte de Janina, inquiet pour leur voisin commun dont la lumière reste bien tardivement allumée, son chien hurlant désespérément. Le contexte de découverte d’un premier cadavre est posé. Les autres suivront…

Tout au long du roman, le lecteur suit les pensées de Janina Doucheyko, vieille dame solitaire, passionnée d’astrologie, gardienne des demeures voisines en l’absence de leurs propriétaires, convaincue que les animaux sont responsables des accidents meurtriers qui se succèdent dans la forêt. Ce défilé de pensées d’une femme isolée dans son chalet de montagne en Europe de l’Est me rappelle dans un premier temps Le mur invisible de Marlen Haushofer. Progressivement, les portraits de chaque narratrice se distinguent radicalement. Là où Marlen Haushofer dépeint une femme d’une extrême lucidité, le personnage d’Olga Tokarczuk navigue entre excentricité astrologique et bon sens montagnard, la frontière est floue entre lucidité et folie, jusqu’au dénouement de l’enquête. Alors que le lecteur s’attache de plus en plus à la personnalité de Janina, il comprend progressivement, par les conversations qu’elle entretient avec ses voisins, par certaines réactions de ces mêmes voisins que la narratrice n’explique pas, que l’image qu’elle renvoie d’elle-même ne correspond pas nécessairement à celle qu’elle a d’elle-même… Au delà du roman, ce jeu psychologique force la réflexion et invite à regarder les relations humaines avec un œil nouveau. J’adore !


Sur les ossements des morts – Olga Tokarczuk
Traduit du polonais par Margot Carlier

Libretto, 2014, 288 p.
Première publication : Prowadź. swój pług przez kości umarłych, Wydawnictwo Literackie, 2010
Première traduction en français : Les Editions Noir sur Blanc, 2010


Challenges concernés

Challenge Multi-défis 2016 : un livre d’un auteur européen non francophone

Mes petites emplettes…#18

Beau bilan pour ce mois d’avril puisque j’ai lu pas moins de dix livres ; cela ne m’était plus arrivé depuis plusieurs mois. Parmi eux, je me dois de vous citer les meilleurs : les Journaux 1959-1971 et les Correspondances avec León Ostrov d’Alejandra Pizarnik m’ont permis d’explorer plus avant la vie de cette poétesse argentine ; Trouée dans les nuages est une deuxième rencontre à nouveau réussie avec l’auteur chinoise Chi Li ; j’ai lu Les braises de Sándor Márai mais j’ai manqué le rendez-vous du 6 avril autour du challenge Lire le monde – cela dit ce roman est une pure merveille – ; exceptionnellement, je me suis tournée avec plaisir vers la littérature jeunesse avec un conte de Richard Bach, Jonathan Livingston, le goéland  – merci Cyve pour le conseil ; et j’ai clos le mois en beauté avec En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut.

Pour autant, je ne me suis pas retenue ce mois-ci et huit nouveaux livres sont venus remplir mes étagères !

En bibliothèque, pour commencer…


Quai du polar, mois belge et découverte de la librairie de mon nouveau quartier

m’ont fait craqué plutôt quatre fois qu’une !


Et j’ai reçu un cadeau, merci Tom !
😀

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Mes petites emplettes littéraire… #6

Après un mois de mars riche de nouveaux livres à empiler (et à lire accessoirement), le mois d’avril aura été un peu plus modeste. Quoique…

Le week-end du 28 mars, le salon lyonnais Quais du polar battait son plein…

En bibliothèque, j’ai craqué… raisonnablement.