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Mes petites emplettes littéraires… #11

Il semblerait qu’en ce mois de septembre, j’ai failli rester sobre…

J’ai suivi quelques conseils amicaux, 

 

Aux charmes d’un bouquiniste, j’ai cédé,

  

Au Bal des Ardents, à d’autres plaisirs j’ai succombé, 

Et des cadeaux, j’ai reçu  😉

      

Des acquisitions éclectiques, des conseils variés, et des habitudes nécessairement bousculées, mes lectures hivernales s’annoncent prometteuses 😉

Mes coups de cœur 2014

Poésie

Incontestablement, 2014 aura été pour moi une année poétique avec la découverte, d’abord, de la poésie russe puis allemande, et quatre coups de cœur littéraires : un essai de Nadejda MandelstamSur Anna Akhmatova, publié aux éditions Le Bruit du Temps, traduit par Sophie Benech, et Mon Pouchkine de Marina Tsvetaeva, auteur que j’ai lu pour la première fois fin 2013 et traduite ici par André Markowicz. Rainer Maria Rilke est l’autre grande révélation de l’année. Je retiens ici deux de ses recueils : Les Élégies de Duino traduit par Maximine et Le livre de la pauvreté et de la mort traduit par Arthur Adamov, sa correspondance avec Lou Andreas-Salomé vaut également le détour. A noter que jamais je n’aurais osé m’attaquer à ce pan de la littérature mondiale sans les incitations de mon si-merveilleux-libraire…

La poésie française n’est pas en reste. Louis Calaferte était à l’honneur cette année à la bibliothèque de La Part-Dieu ; l’occasion pour moi de lire plusieurs de ses recueils et d’apprécier son humour, tout autant que la douceur de ses vers. Je retiens ici Sauf-Conduit, parce qu’il faut bien choisir… Zéro m’a aussi beaucoup plu. Plus contemporaine, j’ai également découvert, parmi les coups de cœur de la bibliothèque, la poétesse et dessinatrice Mâkhi Xenakis avec Laisser venir les secrets. N’hésitez pas à relire ma chronique 😉

Les romans

Quatre romans très différents retiennent mon attention cette année. Le mur invisible de Marlen Haushofer, auteur autrichienne, chaudement recommandé par L’Esprit livre, est probablement LE livre qui m’a le plus marqué cette année. Il parle, à mon sens, de solitude et de dignité humaine, mais j’ai l’impression que chaque lecteur en a sa propre vision, et les interprétations sont assez différentes. L’archéologue de Philippe Beaussant est un chef d’œuvre, pour reprendre les mots de la librairie Passages. Roman universel par excellence, il aborde toutes les grandes questions de la vie tout en restant accessible au plus grand nombre.  La Horde du Contrevent d’Alain Damasio est l’un de ces livres qui vous accompagnent longtemps, je l’ai lu il y a quelques semaines à peine et ne trouve pas encore les mots pour vous en parler. Cela viendra… Gioconda de Nikos Kokàntzis est ma petite perle de ce mois de décembre : livre unique de cet auteur grec, autobiographique, c’est mon roman d’amour de l’année. Chronique à venir… Merci à mon homme pour ces deux derniers romans !

Les essais

Deux essais pour conclure cette liste de coups de cœur 2014. Religions : les mots pour en parler de François Bœspflug, Thierry Legrand et Anne-Laure Zwilling parce qu’il m’a remis le pied à l’étrier des sciences religieuses ; et 1913 : chronique d’un monde disparu de Florian Illies, en cours de lecture à l’heure où j’écris ces lignes, parce qu’il parle de tous ces grands personnages qui accompagnent régulièrement mes lectures : Franz Kafka, Rainer Maria Rilke, Carl Gustav Jung, Sigmund Freud, Lou Andreas-Salomé, mais aussi Rudolf Steiner, Picasso, Matisse, Staline, Hitler, Kokoschka, Louis Armstrong, Stravinsky, j’en passe et des meilleurs… (merci encore L’Esprit Livre pour ce petit bijou ! ).

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♥♥♥

Un beau bilan et une belle année littéraire en ce qui me concerne, offrant de très jolies perspectives de lecture pour 2015. 🙂

Et vous ? Avez-vous lu ces livres ? Qu’en avez-vous pensé ? Et surtout, quels livres ont marqué votre année 2014 ?

L’archéologue – Philippe Beaussant

En déambulant entre les étals de la librairie Passages, à la recherche du Bleu est une couleur chaude, mes yeux se sont arrêtés sur le mot du libraire accompagnant L’archéologue de Philippe Beaussant. Accroche-regard nécessaire pour une couverture plutôt neutre, voire insignifiante (cf. image jointe). Accroche ambitieuse aussi puisque le libraire en question n’hésitait pas à utiliser le terme de « chef-d’œuvre » pour qualifier ce tout petit livre. Mot valise ou véritable perle ? J’ai choisi de faire confiance au libraire en espérant qu’il n’abuse pas trop du poids de certains mots.

Ce court récit se présente comme le long monologue d’un architecte, devenu archéologue. Mortellement blessé, il revient sur les souvenirs marquants de son existence, essentiellement des rencontres faites au quatre coins du monde, au détour de l’une ou l’autre mission archéologique, rencontres-témoins de l’évolution des civilisations qu’il étudie, ou traces inaliénables de la constance de la nature humaine. Les grandes questions de l’humanité sont abordées, finement et concisément, en s’appuyant sur ces événements fondateurs d’une vie : la mort, l’amour, l’art, la musique, l’architecture, la chute ou le salut, le sens de l’existence, la condition humaine.

Je ne sais pas encore exprimer ce que je cherche en littérature mais il est évident que je l’ai retrouvé ici. Une amorce de réponse au sens de la vie, sans doute, là où Kafka, Sartre ou d’autres Camus pointeraient l’absurde pour me laisser désemparée. J’ai lu L’archéologue de Philippe Beaussant après avoir terminé la Légende des siècles. Victor Hugo est l’un des mes auteurs fétiches et il m’est souvent difficile d’enchaîner sur une lecture  « à la hauteur » lorsque je referme l’un de ses livres. A l’échelle de mon panthéon littéraire, L’archéologue et L’homme qui rit s’accommodent volontiers du même barreau, et plutôt dans les étages supérieurs.

Véritable chef-d’œuvre et point de mot-valise aujourd’hui ! Il est parfois bon de suivre les conseils de nos libraires 😉

Cette chronique relève également de ma participation au Challenge ABC Critiques de Babelio.

Le bleu est une couleur chaude – Julie Maroh

J’avoue mon crime. J’ai vu le film La vie d’Adèle, sur les conseils d’un ami, avant de lire le roman graphique. Les deux parlent de la même histoire mais sont assez différents : l’adaptation filmographique est très libre. Rapidement, ils racontent la vie d’une adolescente, Adèle dans le film, Clémentine dans le roman, qui tombe amoureuse d’une étudiante en art, Emma. Puis, on suit l’évolution du couple pendant une dizaine d’années.

Le film, tout d’abord, dure 3h. Petit miracle, j’ai tenu jusqu’au bout ! Habituellement, je dors au bout de 50 min, habituée que je suis – j’ai honte – aux séries américaines. Passées les 20 premières minutes – où j’avais l’impression de regarder un remake d’Hartley cœurs à vif – , j’ai plutôt bien adhéré, même très bien, puisque je n’ai plus vu le temps passer. Ce qui est intéressant dans le film – au-delà des scènes érotiques qui auraient largement pu être raccourcies – c’est la manière dont Adèle construit son identité de jeune femme. Elle est sans cesse tiraillée entre ses amis et sa petite amie dont l’âge et les centres d’intérêts divergent. Elle fait le grand écart ensuite entre le monde d’Emma, un monde d’artistes peintres un peu caricatural, et ses préoccupations propres, peut-être plus simples : lire et devenir institutrice. Sans cesse, elle cherche un équilibre entre une part d’elle-même, son amour pour Emma avec sa marginalité revendiquée, et sa volonté d’avoir une vie « normale » – si tant est que cela ait un sens.

Dans le roman, la question de l’identité est abordée mais de manière beaucoup plus succincte. Les scènes érotiques prennent une place beaucoup moins importantes. Les amis de Clémentine (Adèle dans le film) semblent beaucoup moins sortis d’une série des années 90 et l’univers d’Emma n’est presque pas dépeint. En revanche, si on gagne en naturel sur ces points, on retrouve d’autres stéréotypes : est-ce que tous les parents découvrant l’homosexualité de leur enfant le mettent réellement à la porte ? Les scènes amoureuses relèvent des plus beaux clichés de n’importe quel roman d’amour, ce qui a pour effet bénéfique de mettre en avant l’histoire d’amour plutôt que le caractère homosexuel de la relation. Mais on peut s’interroger : s’il s’agissait d’un couple hétérosexuel, l’histoire aurait-elle encore un intérêt ? Quoiqu’il en soit, j’ai beaucoup aimé le dessin et les jeux de couleur, et je me suis malgré tout, et un peu contre ma volonté, largement laissée embarquer dans cette belle histoire d’amour – c’est mon côté romantique !

Le film et le roman se complètent assez bien et ne nous disent pas la même chose. Les deux soulèvent leurs propres questions, et malgré les bémols cités plus haut, je me suis complètement laisser envahir par l’univers de Julie Maroh.

J’ai déjà repéré Skandalon, son deuxième roman graphique. Affaire à lire… et à découvrir sur le site de l’auteur !

Pour d’autres avis sur la question, je vous conseille Contre champs pour les retours médiatiques et pour la comparaison entre le film et le roman. Côté blogs de lecture, les chroniques sont nombreuses, en voici plusieurs pêchées au hasard sur Babelio : Les livres d’Eve, Bouquins de poches en poches, Marque-pages, buvard, post-it & cie, Gwordia et D’une berge à l’autre.