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Dizzy – Claire Veys

dizzyLe mois belge arrive à son terme et ma participation cette année a été certes limitée, mais de qualité. Inauguré avec Stefan Platteau, je le clos avec un court livre qui me tient particulièrement à cœur.

Peut-on croiser les destins des membres d’une même famille ? C’est là toute la question que me pose ce roman. Dizzy raconte l’histoire de rencontres plusieurs fois renouvelées  au cours des ans entre une mère, un fils, une petite-fille et ceux, autour, qui les observent et aiment dans leur totalité, pour ce qu’ils sont. Dizzy c’est aussi une ambiance forte d’alcool, de fumée, de blues, de coups et de gueule de bois, et surtout de tendresse… Chaque chapitre réduit à quelques pages impose sa dose de sensibilité et de bienveillance – à l’image de l’auteur qui sera présente au Festival du livre de Charleroi la semaine prochaine 😉

Dizzy, c’est aussi – ne l’oublions pas – un bel hommage à Blaise Cendrars dont les vers viennent émailler ou inspirer le récit.

Je recommande – à découvrir !

Il y avait cette photo. Elle n’était pas si vieille – à peine une vingtaine d’année, toute une vie pour elle. Accroché à cette photo, derrière, un vieux polaroid. La gamine aux cheveux courts, un peu plus âgée – cinq ou six ans, est à genoux sur un tabouret de piano, la main posée sur le clavier, droite et concentrée. A ses côtés, l’homme est assis, courbé, sur l’imposant instrument. La photo est mauvaise, la pièce enfumée. L’enfant tient l’homme par le cou, sa petite main, ses doigts potelés. A bien y regarder, sur ce vieux cliché, on pourrait presque voir les notes voler. Cette nuit-là, elle se souvient, elles les a vues, les notes, elle les as vu voler.


Dizzy – Claire Veys
Editions 100, 2016, 91 p.
Le site de l’auteur : https://cyves.wordpress.com


Le sillage de l’oubli – Bruce Machart

5324-cover-wake-532342f5d584bPremier roman de l’auteur traduit et publié par les éditions Gallmeister en 2012, Le sillage de l’oubli de Bruce Machart rejoint sans nul doute mes meilleurs lectures de l’année. On y suit l’histoire d’un certain Karel Skala, dernier-né d’une fratrie de quatre garçons qui deviendront à leur tour pères de famille. Dès les premières lignes du roman, on apprend la mort en couche de la mère de Karel. Le roman se construit ensuite en neuf parties qui alternent les différentes époques de manière aléatoire : l’enfance terrible des quatre enfants élevés par un père autoritaire et blessé, leur adolescence et leurs mariages joués sur une course de chevaux mémorable et centrale dans le récit, et leur vie d’adultes.

Le style de Bruce Machart est riche, précis, descriptif. Les paysages grandioses du Texas se mêlent aux pensées et souvenirs de Karel. L’auteur analyse à rebours les événements marquants d’une vie avec nuance et subtilité, ne prend jamais partie pour l’un ou l’autre protagonistes, inverse les impressions premières du lecteur et dresse un univers qui n’est jamais manichéen. Incontestablement, j’adore ce roman qui me sort de mes lectures habituelles – je lis peu de littérature américaine – et j’aime surtout ces portraits d’hommes faibles ou tendres, violents ou lâches, jamais tout à fait droits, souvent malhonnêtes, victimes jamais innocentes, orgueilleux, blessés, fils abandonnés, pères indignes et aimants, amoureux…
En comparaison, les femmes de Bruce Machart sont fortes, dignes, libres, honnêtes, mystérieuses, idéales au regard des quatre frères orphelins.

Bruce Machart a publié en 2014 un recueil de nouvelles intitulé Des hommes en devenir consacré aux portraits d’autres hommes américains hantés par leur passé. Je ne l’ai pas encore lu mais je suis curieuse de lire ce que vous en avez pensé.

D’autres avis sur Le sillage de l’oubli : Ingannmic, Krol, ClaudiaLucia et Jérome ; et sur Des hommes en devenir : Kathel, Jérome, et Krol.


Le sillage de l’oubli – Bruce Machart
traduit de l’anglais (américain) par Marc Amfreville
Gallmeister, 2013, 394 p.
Première traduction française : Gallmeister, 2012
Première publication : The wake of forgiveness, 2010


Challenge concerné

Challenge Multi-défis 2016 : Un livre présent dans ma PAL depuis plus d’un an