Archives du mot-clé littérature indienne

La mer d’innocence – Kishwar Desai

la-mer-dinnocence-jaquetteRencontrée lors de l’édition 2015 de Quais du polar, Kishwar Desai est une auteur indienne, anciennement journaliste, engagée dans la défense de la condition des femmes dans son pays. Son roman La mer d’innocence se déroule sur les plages de Goa. La narratrice et enquêtrice Simran Singh, personnage récurrent des romans de Kishwar Desai, est abordée pendant ses vacances goanaises avec sa fille, par un ex petit ami inspecteur de police. Il cherche quelqu’un pour interroger discrètement les touristes et employés des paillotes des plages avoisinantes afin de retrouver une jeune fille, Liza Kay, mystérieusement disparue de la circulation. Simran s’engage alors un peu malgré elle dans une enquête aux allures de vacances au pays des hippies. L’occasion pour Kishwar Desai de décrire l’envers du décor du tourisme goanais et de ses plages idylliques : mafia, drogue, alcool, viol, meurtre, détournement de mineure, hippies peacefull, musique, drague, omerta et suspicions au programme. Tout est fait pour noyer le poisson… Simran Singh n’en reste pas moins droite dans ses bottes et mène l’enquête avec brio et véhémence.

Outre le suspense et les rebondissements bien menés de Kishwar Desai, l’intérêt principal de La mer d’innocence réside à mon sens dans la représentation détaillée de l’univers si particulier du tourisme balnéaire et spirituel à l’indienne, et dans la dénonciation assumée des violences récurrentes et banalisées faites au femmes en Inde.


La mer d’innocence – Kishwar Desai
Traduit de l’anglais (Inde) par Benoîte Dauvergne
Editions de l’Aube, 2015, 334 p.
Titre original : The sea of innocence, 2013


Challenges concernés

Le toit de tôle rouge – Nirmal Verma

Conseillé par mon amie Marine, j’ai eu un peu de mal à dénicher ce livre de Nirmal Verma, auteur indien s’exprimant en hindi, et finalement trop peu traduit en français.
Immédiatement, je suis agréablement surprise par le style à la fois descriptif et introspectif de l’auteur, puis par les thématiques abordées : point de violence, point de militantisme féministe, ni d’ambiance Bollywood ou de bidonvilles…Clichés trop récurrents à mon goût de la littérature indienne.

L’histoire se déroule dans un village de montagne du nord de l’Inde, résidence d’été de travailleurs urbains. L’hiver, il y fait froid. On y suit les jeux d’enfants de Kaya et de son frère cadet Tchoté. Progressivement, le récit se focalise sur la fillette et sur les étapes qui la mèneront à l’âge adulte. Lent et contemplatif, ce roman me rappelle, dans un tout autre contexte, ceux de Marlen Haushofer. Il laisse transparaître avec justesse et sensibilité la mutation intérieure de l’enfant vers la femme, confrontée à la découverte de l’altérité, du deuil, de la maternité, de la naissance, du rapport au père, du départ – le sien et ceux de ses proches -, de l’amour, de la vieillesse, de l’affirmation de soi…

Une très belle découverte en somme et un auteur que je n’ai pas fini de lire. 😉


Le toit de tôle rouge – Nirmal Verma et Gill Gagan
Traduit du hindi par Annie Montaut et François Auffret
Actes Sud, 2004, 272 p.