Archives du mot-clé Le bal des ardents

Archives du vent – Pierre Cendors

archives-du-vent2bpierre2bcendors2btripodeDeuxième virée avec Pierre Cendors. Avec Archives du vent, le lecteur s’écarte sensiblement de l’introspection à l’honneur dans L’invisible dehors. Les personnages ici sont multiples et tous étroitement liés les uns aux autres par le projet fou et cinématographique d’Egon Storm : réaliser trois films et peut-être quatre à l’aide de la technologie du Movicône qu’il a inventée et les faire diffuser après sa mort par son complice, les uns après les autres, un film tous les cinq ans. Outre ce scénario génial et déstabilisant, l’auteur n’hésite pas à voyager dans le temps et l’espace, égarant le lecteur sur toute la longueur du XXIème siècle de la Suède à l’Ecosse en passant par l’Islande, pour former un ensemble complexe et cohérent largement influencé par la théorie des voyages astraux.

Archives du vent est aussi et surtout une perle de littérature à vous faire corner votre livre à chaque page – aussi bibliophile que vous soyez – tant les aphorismes et citations à vous éveiller un mort sont nombreux et incitent à la méditation ou à la réflexion. De petites vérités assénées discrètement et tout juste bonnes à vous remémorer le but de toute littérature digne de ce nom – ou plus simplement digne de ce que j’aime.

Est solitaire celui qui dit Je avec autorité et croit ce qu’il dit.
Est solitaire celui qui vit en sécurité dans ses pensées. Est solitaire celui qui voit le monde à travers elles et ne voit qu’elles.
Storm, lui, voyait au-delà.

Mon histoire ne peut se raconter sans en exclure mes contemporains, tous ceux qui la liront. Quant aux autres, les invisibles, les morts, les ensevelis : ce sont eux qui l’ont écrite. Leur disparition n’a laissé aucun vide.

Soudain je ne disposais plus d’aucun accès en moi-même. J’étais enfermé à l’extérieur. Prisonnier d’une pensée.
D’une pensée d’autrui.


Archives du vent – Pierre Cendors
Le Tripode, 2015, 320 p.


Challenges concernés

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Le promeneur d’Alep – Niroz Malek

61ne-lrk33l-_sx350_bo1204203200_Le promeneur d’Alep est un témoignage venu en droite ligne de Syrie. Sous forme de courtes anecdotes romancées de deux ou trois pages, l’auteur nous rapporte son quotidien, imaginaire ou ultra-réaliste selon les cas, d’habitant de la ville occupée d’Alep sous les traits d’un narrateur s’exprimant sans cesse à la première personne. Les vivants cotoient les morts dans la rue, au café, au téléphone… La fine ligne séparant les deux mondes s’estompant parfois tout à fait pour rendre compte d’un état d’esprit propre au survivant d’un monde en guerre.

Cette lecture m’a été particulière difficile et troublante, le roman laissant largement entrevoir la véracité d’une guerre très actuelle dont nous connaissons les retentissements jusque dans nos pays croyons-nous protégés. Il n’est pas d’écrits sanglants ou provocateurs dans la prose de Niroz Malek. L’oppression, si elle est parfois physique, est d’avantage psychologique ici. Le poids de la mort sur le quotidien y est magistralement dépeint. Le narrateur, le promeneur d’Alep, vit avec la mort, meurt un peu plus chaque jour, comment savoir… La fin n’est pas encore écrite, les tirs de mortiers cisaillent encore l’air, et la paix se fait inexorablement attendre. Il n’y a que l’ici et maintenant qui semblent compter : le passé est révolu et l’avenir n’existe peut-être pas.

Plusieurs librairies lyonnaises proposent à la vente ce court ouvrage des éditions Le serpent à plumes, à minima Le bal des ardents et Terre des livres. J’ai hésité avant de l’acheter : écrire sur une guerre qui n’est pas terminée, n’est-ce pas trop ambitieux, trop incertain ? Lire sur une guerre dont les échos résonnent trop proches de nos portes ne me sera-t-il pas trop difficile ? Je n’ai pas vraiment la réponse.

La perspective d’une lecture commune avec Maryline – qui nous fait l’honneur d’un bref retour sur la blogosphère à cette occasion – m’aura poussée à lire jusqu’au bout les anecdotes de Niroz Malek ; la volonté que la Syrie soit dignement représentée au challenge Lire le monde de Sandrine aussi. En effet, Niroz Malek s’attelle ici avec brio à un sujet ultra-sensible, avec humilité et simplicité, il réussit à rendre dans une langue éminemment fluide et poétique toute la douleur des pertes humaines et des perspectives cloisonnées.

Nous ne pouvons que remercier Le serpent à plumes et le traducteur Fawaz Hussain d’avoir permis au Promeneur d’Alep de marcher jusqu’à nous.


Le promeneur d’Alep – Niroz Malek
traduit de l’arabe (Syrie) par Fawaz Hussain
Le serpent à plumes, 2015, 157 p.
Première publication : Tahta sam’il harb, Stokholms Monsters / La société du Moulin, 2015


Challenges et non-challenge concernés

Challenge Multi-défis 2016 : un livre « âme sensible s’abstenir »

Mes petites emplettes littéraires… #13

Ce mois-ci, en bibliothèque, je me suis servie…


A la librairie Le bal des ardents
,
j’ai écouté un très grand auteur, Pierre Cendors, pour ne pas le nommer…

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Un beau cadeau j’ai reçu, je m’en délecte par avance…
Cette bande dessinée se mariera à merveille aux ambiances orientales de la rentrée littéraire.

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Mes petites emplettes littéraires… #11

Il semblerait qu’en ce mois de septembre, j’ai failli rester sobre…

J’ai suivi quelques conseils amicaux, 

 

Aux charmes d’un bouquiniste, j’ai cédé,

  

Au Bal des Ardents, à d’autres plaisirs j’ai succombé, 

Et des cadeaux, j’ai reçu  😉

      

Des acquisitions éclectiques, des conseils variés, et des habitudes nécessairement bousculées, mes lectures hivernales s’annoncent prometteuses 😉