Archives du mot-clé Babelio

Shelton & Felter – Jacques Lamontagne

En acceptant de suivre les pas de Shelton, ex-boxeur fauché apprenti journaliste, et Felter, libraire inquiet vivant au rythme des repas de ses chats, le lecteur s’engouffre dans le Boston du début du XXème siècle en quête du moindre indice permettant de résoudre une série de meurtres improbables.

Pour planter son décor et dérouler son scénario, Jacques Lamontagne s’appuie sur un véritable fait divers : le raz-de-marée provoqué par l’explosion d’une cuve de sirop et ses conséquences dramatiques à Boston en 1919. Il en résulte une bande dessinée drôle et rocambolesque sur fond de polar « à la Sherlock ». J’ai pris un réel plaisir à suivre ce récit en image, j’ai apprécié le cahier graphique en fin d’ouvrage reprenant l’histoire de la réalisation de cette BD annoncée comme la première d’une série dont je lirai volontiers la suite à sa parution.


Shelton & Felter I. La mort noire – Jacques Lamontagne
Couleur de Scarlett Smulkowski
Kennes, 2017, 56 p.


Challenge ABC Critiques 2015/2016

Pour beaucoup, le mois de septembre est l’occasion de renouveler les différents challenges en cours, et en particulier le Challenge ABC Critiques organisé sur Babelio. Mon bilan de l’année passée est assez mitigé. Ma liste était ici, et je n’ai pas su m’y tenir…
Nouvelle rentrée, nouvelles ambitions, je compte bien améliorer mon résultat. Je ne dresse donc pas de liste cette fois-ci et remplirai mon alphabet au gré des lectures et envies. Je ne sais décidément pas me tenir à un planning prédéfini !

Pour mémoire, il s’agit de lire en 1 an 26 livres dont les patronymes des auteurs commencent par chacune des 26 lettres de l’alphabet. Pour nous rejoindre, c’est par ici !

Et c’est parti !

A. L’épopée de Gilgamesh – traduit par Abed Azrié
B. Eugénie Grandet – Honoré de Balzac
C. Pourquoi nous aimons les femmes – Mircea Cărtărescu
D. Soie – Alessandro Baricco & Rébecca Dautremer
E. Shadi Ghadirian : rétrospective – Sylvie Aznavourian et Anahita Ghabaian Etehadieh
F. Soundtrack – Hideo Furukawa
G. Jiseul – Keum Suk Gendry-Kim
H. Une trop bruyante solitude – Bohumil Hrabal
I.
J. La couverture du soldat – Lídia Jorge
K. Le droit de mentir – Emmanuel Kant & Benjamin Constant
L. L’aiguille creuse – Maurice Leblanc
M. Plume – Henri Michaux
N. Venus Erotica – Anaïs Nin
O. Sur la route du papier – Erik Orsenna
P. Le livre de l’intranquillité – Fernando Pessoa
Q.
R. Histoire d’O – Pauline Réage
S. D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds – Jón Kalman Stefánsson
T. La vérité sur Marie – Jean-Philippe Toussaint
U.
V. Un bon à rien est capable de tout – Damien Verhamme & Gordon War
W. Mère et le crayon – Josef Winkler
X. Et tout ce qui reste est pour toi – Xu Xing
Y.
Z. Un mariage à Lyon – Stefan Zweig

Bonnes lectures à tous !

Le gouffre (et autres récits) – Leonid Andreïev

Le gouffre (et autres récits) de Leonid Andreïev fait partie de ces rares livres qui viennent à vous sans prévenir et s’impose comme une évidence. Parmi les milliers de propositions de lectures défilant sur Babelio, Dieu seul sait pourquoi je me suis arrêtée net sur cette couverture, le titre, les sonorités russes du nom de l’auteur… Nous sommes à la charnière entre le XIXème et le XXème siècle. Les premières nouvelles de ce volumineux recueil ont été écrites en 1899, les dernières en 1901. Les éditions José Corti ont fait le pari de confier à l’excellente Sophie Benech la traduction de l’oeuvre intégrale du journaliste et écrivain russe.

Toutes ces nouvelles n’ont qu’un objectif : décrire l’angoisse, la solitude, l’absurdité des existences. Chaque portrait d’enfant, d’homme, de femme, de prêtre, de chien, de couple, de famille, de lépreux et autres fous ou naïfs est l’occasion de saisir un moment de vie quotidienne de la société russe, qu’elle soit bourgeoise ou miséreuse. Tous sont égaux devant leurs gouffres : absence, deuil, haine intériorisée, vide inommable, abandon, et autres néants. Et pourtant, le génie d’Andreïev réside dans sa capacité à illuminer ces noirceurs par de tendres détails. Chaque nouvelle est l’occasion de craquer une allumette, fragile, persistante, de suite étouffée, ou vivement embrasée, cassée ou vivifiante, et toujours trop vite éteinte. Seule Le gouffre, situé parmi les derniers récits du recueil, inverse la tendance. Il ne s’agit plus d’une douleur latente dont les protagonistes seraient un instant sauvés, le bonheur idéal est offert gratuitement jusqu’à ce qu’une main de fer sombre et froide s’en saisisse et l’étrangle sans faiblir.

Cette lecture riche et massive sous ses faux airs de douce simplicité m’atteint intimement et me conforte dans ma volonté de découvrir d’avantage la littérature russe, trop rapidement abordée l’an dernier avec les vers de Marina Tsvetaïeva, Anna Akmatova ou les Carnets du sous-sol de Dostoïevski.

Pour les adeptes de lecture audio, A Sabourovo est une nouvelle appartenant au recueil Le gouffre (et autres récits) :

Pour d’autres exemples audio : suivez le lien !


Le gouffre (et autres récits) – Leonid Andreïev, traduit du russe par Sophie Benech
Editions José Corti, 1998, 490 p.
Première publication de la nouvelle Le gouffre : 1902


Challenges concernés
(cliquez sur les images pour les détails)

Charles Baudelaire – Théophile Gautier

Ceux et celles qui me connaissent savent – parfois – combien j’aime Charles Baudelaire. C’est pourquoi, j’ai reçu en cadeau à Noël dernier ce portrait du grand poète rédigé par Théophile Gautier. Plus qu’une occasion de me plonger dans l’univers de Baudelaire, ce petit livre me permet surtout de redécouvrir Th. Gautier que je ne connaissais qu’à travers Le roman de la momie lu il y a bien longtemps déjà.

Dans un style particulièrement fluide et sur un ton d’époque – très XIXème siècle, tout ce que j’aime – Th. Gautier me fait traverser toute la vie de Baudelaire du jour de leur rencontre en 1843 jusqu’à cette mort, qui sans être anonyme fût bien discrête pour un si grand homme : une centaine de personnes pour l’enterrement en 1867, là où, moins de vingt ans plus tard, le non moins célèbre Victor Hugo rassemblait les foules autour du Panthéon.

Théophile Gautier débute son récit par une description physique de son ami, lorsqu’il l’a vu pour la première fois. En quelques lignes, je suis transportée en 1843, à l’hôtel Pimodan, et je vois ce singulier personnage apparaître devant moi :

« Son aspect nous frappa : il avait les cheveux coupés très ras et du plus beau noir ; ces cheveux, faisant des pointes régulières sur le front d’une éclatante blancheur, le coiffaient comme une espèce de casque sarrasin ; les yeux, couleur de tabac d’Espagne, avaient un regard spirituel, profond, et d’une pénétration peut-être un peu trop insistante ; quant à la bouche, meublée de dents très blanches, elle abritait, sous une légère et soyeuse moustache ombrageant son contour, des sinuosités mobiles, voluptueuses et ironiques comme les lèvres de figures peintes par Léonard de Vinci ; le nez, fin et délicat, un peu arrondi, aux narines palpitantes, semblait subodorer de vagues parfums lointains ; une fossette vigoureuse accentuait le menton comme le coup de pouce final du statuaire ; les joues, soigneusement rasées, contrastaient, par leur fleur bleuâtre que veloutait la poudre de riz, avec les nuances vermeilles des pommettes ; le cou, d’une élégance et d’une blancheur féminine, apparaissait dégagé, partant d’un col de chemise rabattu et d’une étroite cravate en madras des Indes et à carreaux.

Son vêtement consistait en un paletot d’une étoffe noire lustrée et brillante, un pantalon noisette, des bas blancs et des escarpins vernis, le tout méticuleusement propre et correct, avec un cachet voulu de simplicité anglaise et comme à l’intention de se séparer du genre artiste, à chapeaux de feutre mou, à vestes de velours, à vareuses rouges, à barbe prolixe et à crinière échevelée. Rien de trop frais ni de trop voyant dans cette tenue rigoureuse. Charles Baudelaire appartenait à ce dandysme sobre qui râpe ses habits avec du papier de verre pour leur ôter l’éclat endimanché et tout battant neuf si cher au philistin et si désagréable pour le vrai gentleman. »

Sur le même ton, Th. Gautier nous propose un véritable voyage dans le siècle baudelairien, il nous présente les œuvres du poète – bien évidemment – mais également ses influences – Edgar Allan Poe – ses amours si discrètes, l ‘époque du Club des Hashischins auquel il appartenait aussi, où je découvre un Baudelaire moins enclin que je ne l’imaginais à la consommation de drogues douces. C’est en ami que Th. Gautier nous fais revivre les dernières semaines de Baudelaire, paralysé, ramené de Bruxelles à Paris par sa famille, ne pouvant plus écrire, l’esprit et l’intelligence toujours en alerte et prêts à créer.

Il va sans dire que j’ai passé un très beau moment en lisant les lignes de Théophile Gautier. Il a ravivé encore une fois mon envie de relire Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Les petits poèmes en prose, mais aussi ses traduction d’Edgar Poe. Cette lecture est aussi l’occasion pour moi de me pencher à nouveau – ou plus justement de lever le nez – vers Théophile Gautier. Je note pour la suite de mes lectures son Histoire du romantisme et deux autres références proposées par le préfacier, Philippe Galanopoulos, et déjà remarquées dans la bibliographie d’Emmanuel Godo : Paul Bénichou, Le sacre de l’écrivain, 1750-1830, et Les voix de la liberté : les écrivains engagés au XIXème siècle de Michel Winock.

Ce livre est chroniqué dans le cadre du Challenge Babelio ABC Critiques 2014/2015 et du Challenge romantique.

Challenge ABC Critiques 2014/2015 sur Babelio

Cette année, je m’adonne à une activité complètement neuve pour moi : les challenges de lecteurs sur Babelio. Le but du Challenge ABC est de lire et de critiquer sur Babelio et/ou sur son blog, en moins d’un an, 26 livres dont les noms d’auteurs commencent chacun par une lettre de l’alphabet. C’est aussi l’occasion pour moi d’écumer une partie des trois piles de livres qui s’entassent dans mon salon depuis plusieurs mois. Les « copies » sont à rendre avant le 13 septembre 2015. Voici donc ma liste d’ouvrages, et j’en profite pour faire un clin d’oeil à Cyve – tous les curieux et passionnés de culture belge pourront également la retrouver sur Met veel plaisir ! – qui m’a permis de compléter inopinément les lettres J et O.

Pour ceux d’entre vous qui voudraient relever le challenge, suivez ce lien vers Babelio 😉