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Coups de coeur 2017

Ma présence ici se fait de plus en plus rare mais je ne résiste pas à l’envie de partager  avec vous quelques-unes de mes plus belles lectures de l’année. Comme chaque fois, la sélection a été rude, c’est parti !

Une fois n’est pas coutume, j’ouvre une thématique « littérature de l’imaginaire » pour ce billet « Coups de cœur » avec deux titres en la matière. J’en profite pour faire un clin d’œil à L’Esprit livre, principal coupable de cette évolution dans mes lectures 😉

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Shakti de Stefan Platteau est le deuxième volet de la trilogie Le sentier des astres. Je vous en parlais ici. On y suit l’histoire de l’envoûtante Shakti, courtisane mystérieuse, mère aventureuse, femme puissante, magicienne hors norme. J’attends la suite avec impatience !

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arbrevengeur18-2007 Quinzinzinzili de Régis Messac, un titre barbare pour ce récit de science-fiction apocalyptique. Un homme et quelques enfants sont rescapés d’une catastrophe planétaire. Avec un humour sarcastique, Régis Messac nous narre les débuts d’une nouvelle ère menée par des dégénérés. Langage, alimentation, religion, sexe, et relations sociales, tout est à ré-inventer et pas nécessairement pour le meilleur ! Publié pour la première fois en 1935, le style de Messac reste ultra-moderne pour le lecteur du XXIème siècle et son questionnement sur notre humanité n’a jamais été aussi actuel !


Après Shakti, d’autres livres sur et/ou par les femmes ont rythmé mon année 2017 – non je ne vous parlerai pas de chick lit’ ! – je vous en cite quelques-uns parmi les plus remarquables.

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Vie de Milena de Jana Černá : Milena Jesenska, connue pour sa correspondance avec Kafka et son amitié avec Margarete Buber-Neumann dans les camps de concentration nazis, est racontée ici par sa fille Jana Černá, écrivaine de génie, remise par ailleurs au goût du jour par La contre-allée pour ses lettres érotiques. On retrouve la très grande liberté et qualité d’expression de l’auteur, dénuée ici de toute provocation, pour parler d’une grande femme du XXème siècle indépendamment – et c’est là tout le génie de Jana Černá – des ombres nazie et kafkaïenne.


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Ce Manifeste féministe de Mina Loy vient donner une touche poétique à ce bilan annuel. Loin des discours des suffragettes ou de ceux sur la théorie du genre, dès 1919, Mina Loy provoque et soulève avec une énergie édifiante les questions fondamentales de la condition féminine… et masculine ! Messieurs, voici le cadeau idéal pour la Saint Valentin 😉

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Homesman de Glendon Swarthout : un homme tout de même dans cette sélection pour nous parler de ces femmes et de ces hommes qui ont voulu peupler les plaines américaine les plus reculées. Un chariot, cinq femmes, un homme, la folie, la misère, et un voyage impossible que l’on aimerait ne jamais finir…
Du même auteur, je vous conseille tout aussi chaudement, et à la suite des membres du cercle de lecteurs de la médiathèque de Vaise,  Le tireur.

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La porte de Magda Szabó  : un détour par la Hongrie pour cette réédition en poche d’un roman phare. On y découvre le portrait sensible et touchant d’Emerence, domestique caractérielle, psychorigide et pourtant tellement plus humaine que la plupart d’entre nous…  Un concentré de tendresse, de lucidité et d’humour noir !

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Carmilla de Sheridan le Fanu nécessairement édité par Tendance Négative ! Un chef-d’oeuvre de littérature gothique et saphique pour remonter aux origines de Dracula dans l’ombre de la plus sulfureuse des vampires…


D’autres romans ont accompagné cette année, sur des sujets et par des auteurs toujours aussi variés, et qui me donnent immanquablement à penser…

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Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin : j’ai eu la chance de découvrir ce titre dans son édition canadienne, La Peuplade. Primé par les libraires de son pays d’origine, ce roman qui nous parle des hommes entre eux et de la solitude débarque cet hiver sur nos tables republié par les éditions de l’Observatoire. Je ne saurais que trop vous le recommander !

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Le baron perché d’Italo Calvino : un classique italien et le plaisir de découvrir Calvino. J’ai adoré suivre les excentricités de Côme, ce gamin, qui à la fois par défi et par conviction, décide un matin de ne plus poser pied à terre et de vivre dans un arbre. Une fable philosophique délectable à lire et à relire…

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La ville fond de Quentin Leclerc : Mon coup de cœur de la rentrée littéraire 2017. Livre O.V.N.I. par excellence, une perle de littérature de l’absurde qui donne pourtant sérieusement à penser sur nos sociétés contemporaines et sur le sens de nos actes individuels et collectifs. Un premier roman et un auteur à suivre ! – et merci à L’Esprit Livre toujours et encore pour le tuyau et la rencontre avec l’auteur 😉

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9782878585759_310x500Un voyage en Inde de Gonçalo M. Tavarès : il est encore possible d’écrire et de publier une épopée au XXIème  siècle ! Ce chef d’oeuvre de littérature portugaise réactualise avec nos repères, nos espoirs et nos désillusions contemporaines le voyage en Orient – quand bien même il suffit de prendre un avion pour l’entreprendre. S’il fallait ne retenir qu’une lecture cette année, ce serait celle-ci…. (et toujours recommandé par la même boutique 😉 )

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9782226328816-j.jpg Sur cette terre comme au ciel de Davide Enia : une autre excursion italienne, dans les rues de Palerme cette fois, et sur les conseils de mon libraire préféré ! On y suit les aventures et mésaventures des hommes d’une famille de boxeurs de père en fils sur trois générations. Les femmes y sont magnifiques et mystérieuses ; les hommes drôles, sincères, et beaux à pleurer… Une saga familiale comme je les aime et dont j’ai eu terriblement de mal à me séparer.

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Pour reprendre pied dans la réalité après toutes ces émotions fictionnelles, je vous propose deux essais qui valent leur pesant d’encre.

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Les inaudibles de Céline Braconnier et Nonna Mayer : lu pendant les élections, cet essai sociologique sur les tendances politiques des plus précaires a le mérite de déconstruire un certain nombre de clichés, de donner la parole aux plus démunis d’entre nous et d’amorcer une réflexion de fond sur les préjugés que nous nourrissons tous à l’égard de ceux que souvent nous ne regardons même pas.

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Les émeutes raciales de Chicago de Carl Sandburg : Avec ce titre, je tiens surtout à saluer les éditions Anamosa, une de mes très belles découvertes de l’année 2017. Elles ont le mérite de savoir allier le fond et la forme en matière de sciences humaines, et d’aborder des questions à la fois surprenantes et populaires sous un angle toujours novateurs. Ici, Les émeutes raciales de Chicago est un texte de 1919, éminemment moderne dans le style et dont le contenu fait étrangement écho à notre actualité…

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Pour conclure ce joli bilan, je vous reparle d’un livre de cœur

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Dizzy de Claire Veys : Si vous aimez Blaise Cendrars,  les bars à l’ambiance enfumée, la musique et le blues en particulier, la tendresse d’un père pour sa fille, il se pourrait que ce livre vous plaise. Pour en savoir plus sur Claire Veys, c’est par ici. 😉

 

 

 

Et je vous souhaite à toutes et tous une très belle année 2018  ! 🙂

Alors, ce bilan 2016 ?

Toujours aussi difficile à établir pour ma part ! Côté chiffres, je me ramollis avec 62 livres lus cette année contre 84 en 2015. Ma pratique du blog, très intense en début d’année, a considérablement flanché sur la fin : signe d’une volonté de ma part de mieux sélectionner ce que je lis mais aussi ce que je partage ici. L’expérience montre qu’il n’est rien de plus efficace pour mettre en avant un livre que de publier un avis négatif qui prendrait le contre-pied d’autres points de vue positifs. Si le débat est potentiellement fécond, la polémique médiatique m’intéresse de moins en moins. En 2017, la prise de recul sera de mise et les coups de cœur aussi je l’espère !

Pour 2016, le bilan est très bon. Parmi tous les livres lus, une vingtaine méritaient d’être mis en avant ici. J’en ai finalement retenus 9…

En premier lieu, des classiques… 

A savoir, Les braises de Sándor Márai, Terre des hommes d’Antoine de Saint-Exupéry et Voyage au centre de la terre de Jules Verne.


En littérature contemporaine…

Je retiens trois romans particulièrement riches et denses : Soundtrack de Hideo Furukawa, Le sillage de l’oubli de Bruce Machart et Le garçon de Marcus Malte.

Proches de la nouvelles, ces deux courts récits relèvent du prodige : Le puits d’Iván Repila et Galpa de Marcel Cohen.

Pour conclure sur une note poétique…

J’ai pu continuer à découvrir Alejandra Pizarnik en lisant notamment ses Correspondances avec León Ostrov 1955-1966.

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Et je vous souhaite une belle année 2017 !

 

Premières lignes…#26

Je ne saurais dire depuis combien de temps je vis à Galpa. Mois, semaines ? Cette façon de compter n’a plus grande signification. Entre les visages dont je connais chaque expression et sur lesquels je ne découvre plus de points de repère, et ma chambre, ma table, ma chaise dans la cour, j’ai découvert au temps une nouvelle dimension : l’épaisseur. Le temps est ici un sable plus ou moins lourd, un sommeil plus ou moins profond. Les événements, tous minimes, et la fissure elle-même, ne modifient plus, par une quelconque perte de conscience, ma vertigineuse plongée en avant. Bien au contraire. Ils sont les petites taches de couleur qui mettent une grande surface peinte en valeur.

Galpa – Marcel  Cohen [incipit]

Un rendez-vous initié par Ma lecturothèque, suivi par Georges, La chambre rose et noireMokaAu café bleuNadègeMon univers Fantasy, La bibliothèque de CélineA la page des livres, Livranthrope, Songes d’une WalkyrieLectoplum, Vague culturelle, Pousse de GingkoColcoriane, Camellia, Page blanche et noire et Au bazar des mots.

Premières lignes… #25

Pour ceux d’entre nous qui, comme moi, connaissaient Egon Storm ne fût-ce qu’un peu, ses débuts tardifs mais magistraux derrière la caméra avec Nebula, à quarante-sept ans, furent la confirmation que nous attendions depuis longtemps.
Même aujourd’hui, un demi-siècle après sa première sortie en salle, ce film demeure dans les mémoires comme un ovni cinématographique et une prouesse technologique phénoménale. Au temps de ses études à la Kvikmyndaskóli Íslands, l’Ecole islandaise de cinéma, rien pourtant ne démarquait le futur réalisateur de ses camarades, sinon peut-être un air plus lointain, quelque chose dans sa contenance de calme et d’effacé à l’excès.

Archives du vent – Pierre Cendors [incipit]

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Premières lignes…#24

Depuis mon retour du Septentrion, Je me répète souvent ces paroles de Magnùs Morland, les rares dont je me souvienne : 

Je ne viens pas en Islande pour voir, au pied d’un glacier, un désert de lave, des geysers ou un volcan, car alors je perdrai l’écho de ce qui m’appelle ici. Je ne viens pas non plus contempler les aurores boréales. Je viens pour rejoindre l’autre côté d’une vision qui m’habite depuis de longues années, une vision dont je ne sais presque rien, sinon que le paysage archaïque, aux reliefs ruiniformes, de cette île qui a surgit de l’Atlantique Nord, il y a de cela 25 millions d’années, lui ressemble.

Ces paroles, de retour de mon voyage, je pourrais me les approprier et les offrir en réponse aux interrogations de mes amis, mais au lieu de cela je me tais et embarrassé par l’insistance de mon propre silence, je me corrige d’une formule : je n’ai pas encore fait le tour de ce voyage ou encore : J’ai approché là-bas quelque chose que je ne connaissais pas, que je recherchais depuis longtemps, qui dépasse ce que je pouvais en imaginer… Je ne sais pas encore en parler… formules qui, pour être vraies, n’en constituent pas moins de piètres échappatoires. A mes intimes seulement, je raconte ce rêve que je fis, un mois après mon retour […].

L’invisible dehors : carnet islandais d’un voyage intérieur – Pierre Cendors [incipit]

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Premières lignes… #22

Tant de sang, elle avait perdu tant de sang lorsqu’il se réveilla dans des draps trempés et qu’il la trouva contre lui, recroquevillée sur le flanc, la peau moite de sueur, gémissante et un chapelet entortillé entre ses doigts crispés, Vaclav Skala sourit en pensant qu’elle venait de perdre les eaux. Il repoussa l’édredon, un cadeau de mariage que leur avait envoyé sa mère restée au vieux pays, et il embrassa Klara sur le front avant de se lever pour aller allumer la lampe. Il gratta une allumettes, et alors il les découvrit qui avait formé des traînées rouges le long de ses jambes et s’étaient collés aux poils drus de ses cuisses : les traces sombres du sang déjà à moitié séché de sa femme.

Le sillage de l’oubli – Bruce Machart [incipit]

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Premières lignes… #21

Même l’invisible et l’immatériel ont un nom, mais lui n’en a pas. Du moins n’est-il inscrit nulle part, sur aucun registre ni aucun acte officiel que ce soit. Pas d’avantage au fond de la mémoire d’un curé d’une quelconque paroisse. Son véritable nom. Son patronyme initial. Il n’est pas dit qu’il en ai jamais possédé un. Plus tard, au cours de l’histoire, une femme qui sera pour lui sœur, amante et mère, lui fera don du sien, auquel elle accolera en hommage le prénom d’un célèbre musicien qu’elle chérissait entre tous. Il portera également un nom de guerre, attribué à l’occasion par les autorités militaires en même temps que sa tenue réglementaire d’assassin. Ainsi l’amour et son contraire l’auront baptisé chacun à sa façon. Mais il n’en reste rien. Ces succédanés aussi seront voués à disparaître à la suite de cette femme et de cette guerre et de l’ensemble du monde déjà ancien auquel elles avaient pris part. Qui le sait ?
Pour peu qu’on daigne y croire, l’unique trace de son passage qui subsiste est celle-ci.

Le garçon – Marcus Malte [incipit]

Premières lignes… #20

Les boucles se formaient et s’entrelaçaient avant de s’allonger docilement dans le même sens. Et le minuscule outil d’acier, cette faiseuse de miracle, œuvrait, sans relâche, imperturbable, comme si elle eût été insensible à la beauté de son oeuvre. Elle semblait n’avoir qu’une préoccupation : accomplir sa tâche du jour. Comme l’abeille, elle ne prenait guère le temps de s’extasier sur la merveille par elle réalisée. Elle ne trouvait là rien d’extraordinaire. Elle existait pour exécuter des points, tout comme l’abeille existait pour confectionner du miel. Et le svelte serviteur de l’art de continuer ses bouclettes qui s’enchaînaient les unes aux autres, presque avec bonheur, comme si elles se réjouissaient d’être liées, de s’appartenir, de n’avoir de sens qu’ensemble.

Histoire d’Awu – Justine Mintsa [incipit]

Premières lignes…#19

Introduction

I

Séjournant à Beyrouth pendant la terrible guerre civile de 1975-1976, un journaliste français dit avec tristesse de la ville basse éventrée : « Elle avait semblé autrefois faire partie […] de l’Orient de Chateaubriand et de Nerval. » Pour ce qui est du lieu, il a bien raison, dans la mesure, du moins, où c’est un Européen qui est en cause. L’Orient a presque été une invention de l’Europe, depuis l’Antiquité lieu de fantaisie, plein d’êtres exotiques, de souvenirs et de paysages obsédants, d’expériences extraordinaires. Cet Orient est maintenant en voie de disparition : il a été, son temps est révolu. Cela semble peut-être sans importance que des Orientaux soient eux-mêmes en jeu de quelque manière, que, à l’époque de Chateaubriand et de Nerval déjà, des Orientaux aient vécu là et qu’aujourd’hui ce soient eux qui souffrent : l’essentiel, pour le visiteur européen, c’est la représentation que l’Europe se fait de l’Orient et de son destin présent, qui ont l’un et l’autre une signification toute particulière, nationale, pour le journaliste et pour ses lecteurs français.

L’orientalisme – Edward W. Said [incipit]

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Premières lignes… #18

Je n’avais plus envie de bouger depuis que j’avais traversé la Chine à vélo. Comme si j’avais compris qu’il nous reste peu de choses en ce bas monde, et que même ce reste-là n’est pas forcément pour nous.

Et tout ce qui reste est pour toi – Xu Xing [incipit]

Un rendez-vous initié par Ma lecturothèque, suivi par Georges, La chambre rose et noireMokaAu café bleuNadègeMon univers Fantasy, La bibliothèque de CélineA la page des livres, Livranthrope, Songes d’une WalkyrieLectoplum, Vague culturelle, Pousse de Gingko, et Colcoriane.