En guise de préparation du mois belge d’Anne et Mina, Lili m’avait chaudement recommandé les écrits d’Antoine Wauters, surtout Sylvia et Nos mères. Les contraintes de disponibilité de la bibliothèque municipale de Lyon m’auront d’avantage fait penché pour Césarine de nuit. Rien que le titre me donnait déjà envie.
L’objet-livre édité par Cheyne est une petite merveille de couleur, de reliefs cartonnés et de choix typographiques. Une dizaine de lignes forment à chaque page du récit un micro-poème en prose. Le tout forme un magnifique roman en trois temps retraçant la vie de deux enfants, deux jumeaux, Césarine et Fabien, qui grandiront dans un monde qui visiblement ne veut pas d’eux dès la naissance et pour le reste de leur vie.
Césarine de nuit est très déroutant. Antoine Wauters manie une écriture extrêmement douce et poétique pour signifier la violence inconcevable de la vie de rue, la prostitution, l’asile psychiatrique, la torture, imposés à de jeunes enfants, devenus adolescents et adultes. Le flou est de mise. Si les raisons de cette déchéance sociale sont rapidement ébauchées, l’injustice croissante frappant leur amour fraternel ne souffre aucune justification. Le lecteur, jusqu’à la dernière page, reste spectateur sonné par le paradoxe du ton adopté et du sujet désespéré.
Elle veille assise à la fenêtre, non
loin de voir, par là, couler le fleuve
en la grande ville. Césarine bleue de
nuit, petit ventre ronflant, petit corps
encrassé qu’on garde sous nos yeux,
très tendre en son empire. Ne sait
rien des douleurs à venir, de Fabien
ventre à terre et de ses os brisés. Il
lui faudra faire chemin d’abandon,
de renonce. Fendre la joie, le fil
aimant, sa vie au bois comme l’eau
vive. Elle partira vide.
Un grand merci à Lili pour cette lecture hors norme en espérant revenir rapidement vers vous avec d’autres titres de l’auteur.
Césarine de nuit – Antoine Wauters
Cheyne, 2012, 124 p.
Challenges concernés
Lecture commune avec Lili et Anne
Challenge Multidéfis 2016 : Un livre dont l’histoire se déroule dans un milieu hostile
Un texte à découvrir sans plus attendre alors…
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis ravie tu sois tombée comme moi dans le sillage d’Antoine Wauters et de son style violent et poétique à la fois ! Je te conseille vraiment « Sylvia » ensuite ; dans mon souvenir, je l’ai même trouvé encore plus percutant !
J’aimeJ’aime
Argh ! Mais Sylvia n’est pas disponible à la BM de Lyon ! Il faudra que je l’achète avec le prochain mois belge 😉
J’aimeJ’aime
Le style de l’extrait me plaît beaucoup, mais je reste un peu rebutée par le sujet et la violence que laisse entrevoir ton extrait aussi… Je débuterai peut-être plutôt avec Sylvia pour découvrir cet auteur ou d’autres titres que je découvrirai chez toi ou Lili.
ps : je ne participe pas à cette LC, FB m’a « inscrite » d’office parce que j’ai créé l’évènement. 😉
J’aimeAimé par 1 personne
D’après Lili, Sylvia est encore plus déstabilisant…
J’aimeJ’aime
Ping : Le Mois belge, Saison 3 : le récap’ |
Je n’ai pas adhéré du tout, ni au sujet ni à la forme… Et Sylvia est encore plus déstabilisant !! OMG, je l’ai acheté les yeux fermés l’année passée !!
J’aimeAimé par 1 personne
…C’est quoi OMG ?
J’aimeJ’aime
Oh My God !
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne pense pas être capable de le lire… Dommage, car l’écriture a l’air superbe.
J’aimeJ’aime
Je te dirai si ses autres livres sont moins durs. Ce qui est vraiment troublant avec ce livre, c’est le décalage entre la musique du texte qui est très belle, et le sens… Souvent, je ne prenais conscience de ce qui étais dit qu’à la deuxième lecture, ou après un petit temps d’appropriation. Il y a vraiment deux étapes de lecture. Et on peut très bien passer complètement à côté si le moment ne s’y prête pas.
J’aimeJ’aime
« Nos mère » est dans ma pal, je découvrirai donc l’auteur avec ce titre.
J’aimeAimé par 1 personne
Très intrigant…
J’aimeAimé par 1 personne
Outch il doit être déstabilisant ! J’ai aussi envie de découvrir Sylvia par ailleurs!
J’aimeJ’aime
Oui il est très déstabilisant, et c’est aussi ce que j’aime en littérature !
Et je n’ai toujours pas lu Sylvia depuis l’année dernière… mais ça viendra 😉
J’aimeAimé par 1 personne