Par ailleurs (exils) – Linda Lê

Comme souvent, j’ai découvert ce livre, édité chez Christian Bourgois, sur le présentoir des nouveautés littéraires de la bibliothèque de la Part-Dieu. La sobriété de la couverture blanche, et la typographie allongée des lettres rouges du titre et de l’auteur ont attiré mon attention. Je n’avais pas prévu d’emprunter quoi que ce soit ce jour-là : ma table de salon croule déjà sous les livres n’ayant pas trouvés leur place dans mes étagères. La quatrième de couverture aura eu raison de mes bonnes résolutions – que je n’ai jamais su tenir.

Linda Lê, romancière et critique littéraire française, nous propose ici un essai sur l’exil dans la littérature mondiale. Par ailleurs (exils) est composé de textes courts, d’une demi-page à quelques pages, chacun consacré à un auteur différent et au lien qu’il entretient avec l’ailleurs, avec autrui au sens large du terme. Ce lien prend des formes multiples : du personnage de roman émigrant de Joseph Conrad à l’exil politique de Marina Tsvetaeva, de l’auteur refusant d’écrire dans sa langue natale à l’exil intérieur d’un Franz Kafka, les exemples sont nombreux – plus d’une cinquantaine je pense, j’ai arrêté de noté après Michael Edwards qui faisait remarquer que jadis  étranger se  disait aubain, ce qui de fil en aiguille à donner aubaine. Je vous laisse lire le livre pour découvrir son cheminement.

Ma lecture n’a pas été régulière, tout d’abord emportée par cette foultitude d’informations, j’ai commencé à me lasser au milieu de l’essai pour retrouver un regain d’intérêt vers la fin lorsque Linda Lê s’attarde sur les quelques poètes russes dont j’ai connaissance. Cet essai, au style sec et précis, est extrêmement dense et justifie d’une culture littéraire titanesque que j’ai peine à suivre, et c’est là mon plus grand regret. Faute de pouvoir noter tous les auteurs cités – j’ai pensé me créer un challenge personnel à partir de cet ouvrage avant de capituler – j’ai retenu quelques noms que j’aimerais lire : notamment Alejandra Pizarnik, Benjamin Fondane, Thomas Bernhart et Anna Akhmatova qui me nargue depuis la lecture de sa biographie par Nadejda Mandelstam (un petit bijou publié aux éditions Le Bruit du temps).

Un bel essai, à relire certainement dans quelques années, avec d’avantages de plomb dans la tête.

Note ajoutée a posteriori : Je découvre par hasard cette émission de France Culture datant du 8 février 2015 sur l’ouvrage de Linda Lê incluant une lecture d’extraits de l’essai par Carole Bouquet, suivi d’un entretien remarquable avec l’auteur mené par Jean Birnbaum, responsable du Monde des livres.

6 réflexions au sujet de « Par ailleurs (exils) – Linda Lê »

  1. grigrigredin

    Je ne sais pas si tu manques de plomb dans la tête, je pense plutôt que tu as ta propre culture littéraire marquée par tes expériences de lecture et l’avantage c’est que celle-ci est en perpétuelle évolution. Effectivement, dans quelques années tu auras encore plus d’expérience que maintenant. Si tu apprécies les essais portant sur la littérature et ses auteurs, tu peux lire « La marche du cavalier » de Geneviève Brisac qui s’interroge sur les femmes en littérature.C’est très intéressant et comme « Exils », c’est à lire et relire. Belles lectures à toi !

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    1. Moglug Auteur de l’article

      Merci pour ton commentaire et ton conseil de lecture 🙂
      Je viens de lire un billet sur « La marche du cavalier » de Geneviève Brisac sur le blog « Les livres de George Sand et moi », même si la thématique de la femme ne m’interpelle pas particulièrement – paradoxalement, la manière dont le sujet est traité et celle avec laquelle l’auteur aborde la littérature au sens plus large pourrait effectivement m’intéresser 🙂

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    1. Moglug Auteur de l’article

      En fait, les chapitres sont très courts. J’ai seulement fait l’erreur (comme très souvent) de le lire quasiment d’une traite, alors que c’est un livre qui devrait se picorer tranquillement auteur par auteur. L’entretien avec Linda Lê sur France Culture (en deuxième partie d’émission) est vraiment très intéressant. Je le recommande à quiconque se sent concerné par la littérature au sens large 🙂

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  2. Mina

    Encore une lecture très intéressante et tentante chez toi. Cette brièveté n’est-elle pas frustrante ? C’est ce que je crains avec ces articles d’une demi-page que tu annonces, je n’aime pas rester sur ma faim et aime avoir de la consistance dans ce type d’essais, du moins de ne pas rester sur ma faim, alléchée par les premières informations. La lecture des extraits sur France Culture permettrait de m’en faire une idée d’après toi ?

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    1. Moglug Auteur de l’article

      L’extrait sur France Culture reprend une grande partie de l’extrait sur Marina Tsvetaeva, cela peut te donner une idée en effet de la manière dont chaque auteur est traité ; et surtout l’entretien avec l’auteur en deuxième partie est hyper intéressant ! De mon côté, je n’ai ressenti aucun sentiment de frustration, Linda Lê ne reprend pour chaque auteur que ce qui est en lien avec l’exil, il peut s’agir d’une simple phrase qui ne nécessite pas beaucoup de développement. La majorité des « chapitres » font plus d’une page tout de même. Je pense qu’il faut lire cet essai en le picorant, plus qu’en essayant de suivre un raisonnement linéaire. Personnellement, il m’a ouvert plein de portes sur des auteurs que je ne connais pas. A chacun de voir si la forme lui convient…

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