Skandalon – Julie Maroh

Comme beaucoup de monde sans doute, j’ai découvert Julie Maroh avec son roman graphique Le bleu est une couleur chaude – j’en parlais dans ce précédent article. Peu friande de bande dessinée, j’avais tout de même apprécié sa lecture et la qualité du tracé. Dans la foulée – et parce que l’avantage d’une BD est qu’elle peut se lire vite – j’ai emprunté à la bibliothèque du quartier son deuxième opus, Skandalon.

Cette fois, l’auteur laisse tomber le bleu et s’attache à une autre couleur chaude, le rouge, d’avantage synonyme ici de violence. Une fois encore, les nuances des tons et le dessin – parfois qualifiés d’oniriques – contribuent largement à charmer le lecteur. La violence largement suggérée, le sentiment d’angoisse ou d’oppression du personnage principal, voire le malaise même du lecteur qui découvre le récit sont autant de sensations déployées par les planches de Julie Maroh. Skandalon est un jeune chanteur, devenu trop rapidement l’idôle d’une génération. Le roman raconte sa déchéance progressive, ses excès : alcool, drogue, sexe, agressivité. Comme pour Le bleu est une couleur chaude, force est de constater que Julie Maroh donne une fois encore dans le cliché d’un monde de rock stars plutôt caricatural. Mais sur le fond, cela importe peu. L’objet du livre n’est pas d’être un témoignage réaliste. En postface, Julie Maroh abandonne ses pinceaux et prend la plume pour nous faire un point – à coup de références universitaires – sur la nécessité des sociétés de désigner un bouc émissaire. Dans ces quelques pages finales, Skandalon prend toute sa dimension et impose une seconde lecture avec un œil plus éclairé.

De mon côté, je retrouve là, de manière complètement impromptue, des thématiques qui me sont chères. Et pour approfondir la question, je m’empresse de noter une des références citées en notes de bas de pages : La violence et le sacré de René Girard.

D’autres avis chez Mokamilla et Mo’.

Cette lecture fait partie de ma liste du Challenge Petit BAC 2015 organisé par Enna.

4 réflexions au sujet de « Skandalon – Julie Maroh »

  1. Marine

    J’avais lu « La violence et le sacre » de Rene Girard il y a quelques annees, pour fouiller un peu plus notamment la question du bouc emissaire. Je suis certaine que tu y trouveras des choses interessantes 🙂 Bises

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