Mal de pierres – Milena Agus

J’ai découvert pour la première fois ce petit livre, l’année dernière, en déambulant entre les étals de L’Esprit livre, en quête de « quelque chose de léger ». Mon charmant libraire s’est empressé de me conseiller ce court roman, relativement éloigné de mes goûts habituels. Pour tout vous dire, la première lecture ne m’a laissé que peu de souvenirs, une lumineuse impression d’ambiance italienne.

Le hasard à voulu que la bibliothèque de mon quartier mette en évidence la version audio de ce livre sur son présentoir de nouveautés le mois passé. Je n’ai jamais écouté de livre audio, mis à part quelques extraits diffusés sur France Culture. C’est l’occasion pour moi d’expérimenter une lecture différente sans risquer de trahir un bon roman avant de l’avoir lu, de mes yeux lu.

Mon intuition en empruntant ce CD – j’ai dû mal à le qualifier de « livre » – a été la bonne puisque j’ai eu beaucoup de plaisir à redécouvrir, par l’écoute, le texte de Milena Agus. Je ne sais pas si j’avais simplement l’esprit plus disponible pour cette deuxième « lecture » ou si l’expérience audio apporte en soi son lot de richesses – probablement un peu des deux. Quoi qu’il en soit, je me suis sérieusement demandé comment j’avais pu passer à côté d’un si beau texte la première fois, d’une si douce sensation. La voix de l’actrice, Sandrine Willems, y est sans doute pour beaucoup. Elle a su avec brio transmettre les couleurs de la Sardaigne et l’histoire de ces quatre générations de femmes, les relations mère-fille ou belle-fille, leur découverte de l’amour et de la féminité, de la sexualité, les rêves et souvenirs forgeant une vie, la maternité qui se fait attendre, la musique pour dépasser la routine quotidienne, la maladie aussi, la guerre au loin.

Les temps d’écoute consacrés à la lecture audio sont différents, dans mon cas, de ceux consacrés à la lecture traditionnelle. Le plus souvent, j’écoute en vaquant à mes tâches ménagères quotidiennes, de préférence les plus silencieuses et physiquement les plus statiques afin de pouvoir maintenir mon attention sur le texte. Pour l’instant, je n’envisage pas de découvrir entièrement un récit de manière auditive. Je souhaite encore me l’approprier avec « ma voix intérieure » avant d’entendre son interprétation par un acteur. La lecture audio vient compléter mes temps de lecture traditionnelle mais ne peut pas s’y substituer.

Cette relecture m’a aussi, et surtout, permis de changer d’avis sur Mal de pierres, et me donne envie de lire d’autres textes de Milena Agus. Je pense notamment au « vrai livre » La comtesse de Ricotta qui me fait régulièrement de l’œil sur les tables de ma librairie préférée…

Et vous, quelle est votre expérience de la lecture audio ?

Mal de pierres est chroniqué dans le cadre du Challenge Italie il viaggio d’Eimelle.

14 réflexions au sujet de « Mal de pierres – Milena Agus »

  1. lewerentz

    J’ai envie de le lire depuis longtemps. Pour l’instant, toutes mes tentatives de lectures audio en français se sont révélées décevantes – textes trop « récités », « lus ». Par contre, j’adore les « drama » anglais qui sont en réalité des pièces radiophoniques jouées avec talent + musique, ambiance, etc. Du grand art.

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    1. Moglug Auteur de l’article

      Mal de pierres n’est pas vraiment mis en scène, il y a un peu de musique mais pas du tout de bruit d’ambiance. Mais j’ai bien aimé comme ça aussi, cela met en avant le texte. Il faut dire que je n’ai pas d’autres expériences de lecture audio. Je crois que ma prochaine lecture de ce type sera La joueuse de go de Shan Sa, à moins que tu ne me proposes un bon drama anglais, facile à comprendre pour quelqu’un qui n’est pas bilingue ? 😉

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  2. sous les galets

    C’est très intéressant ce que tu dis là, car une blogueuse avait bien aimé , mais sans plus, le Lemaître en version papier, et en a eu un vrai coup de coeur en version audio. Il y aurait donc une plus-value auditive.
    Pour Mal de pierres, une blogueuse me l’a offert l’année dernière, je l’ai lu avec grand plaisir et à l’aveugle (c’était un jeu de la blogo), mais le format très court me gène toujours un peu, car il m’en reste plus une ambiance, une impression qu’un véritable souvenir narratif.

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    1. Moglug Auteur de l’article

      Oui c’est vrai, il m’en restait surtout une ambiance aussi… Mais j’aime bien ça aussi. En fait, j’aime beaucoup alterner les « pavés » et les nouvelles ou les courts romans. Tout dépend de l’humeur du moment et de ma capacité à me concentrer aussi…
      Dans mon cas, il y a réellement eu une plus-value à écouter Mal de pierres, mais je ne sais pas si cela vient de l’écoute, du moment, ou du fait de la deuxième écoute/lecture qui m’a rendu plus attentive à la langue qu’à la narration par exemple. Les vertus de la re-lecture peut-être ?

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  3. Mina

    Tes prochaines expériences de lecture audio pourraient m’intéresser, si tu parviens à démêler les vertus de la relecture et celle de la lecture écoutée. J’ai essayé moi aussi ce mode de lecture, mais ce fut un échec : d’une part, par la voix de la lectrice (alors que le narrateur était un homme ; c’est peut-être stupide, mais je suis restée bloquée sur ce détail, qui avait pour moi de l’importance dans le récit) et, d’autre part, parce que je finissais toujours par décrocher, par laisser mes pensées vagabonder ailleurs. Un autre essai serait peut-être plus concluant, malgré mes doutes.

    Savais-tu que Sandrine Willems était aussi auteure ? L’as-tu déjà lue ? Je garde un souvenir ébloui d’Eros en son absence. Je me demande si elle me convaincrait également en lectrice.

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    1. Moglug Auteur de l’article

      Je relis trop rarement un texte pour être en mesure de différencier l’intérêt de l’écoute et celui de la relecture malheureusement. J’ai à nouveau emprunter des livres audio cette semaine : Eugénie Grandet de Balzac que je n’ai jamais lu (ou il y a si longtemps) mais en lisant les titres des chapitres du CD, je me suis dit que ces quelques phrases étaient si belles que je ne voulaient pas risquer de les gâcher en les écoutant avant de les lire ! J’ai aussi emprunté Le Prophète de Khalil Gibran que j’ai déjà lu et chroniqué il y a quelques années… Je verrai bien ce que provoque cette écoute. J’ai décroché aussi parfois en écoutant Milena Agus, c’est pour cette raison que je préfère écouter un texte déjà lu, pour raccrocher plus facilement les wagons ! Je ne savais pas que Sandrine Willems écrivait aussi, je note donc la référence. Eros en son absence est déjà un très beau titre qui donne envie d’aller plus loin.

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      1. Mina

        Éros en son absence est un roman érotique, où se mêlent les influences de la musique de Bach, de la poésie de Verlaine et de l’écriture de Sade (un trio magique pour moi). Le pari était ambitieux et réussi. J’attendrai tes impressions sur ce roman ou un autre.

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        1. Moglug Auteur de l’article

          Oui, j’ai vu à propos d’Eros et son absence, j’ai lu la quatrième de couverture et l’ai repéré à la bibliothèque. Il me tente beaucoup. Je cherche justement de beaux romans/nouvelles érotiques mais je ne sais jamais trop comment m’orienter…

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      2. Mina

        Personnellement, je pars souvent sur les classiques érotiques, qui me plaisent davantage. Je progresse encore un peu à l’aveugle dans le contemporain également. Si tu trouves des pistes intéressantes, je pourrais t’y suivre et nous pourrions échanger les « bons » filons si nous nous entendons à ce sujet. 🙂
        Ce n’est pas tout à fait contemporain, plutôt moderne, mais je te conseillerais également Violette Leduc, qui a côtoyé et aimé Simone de Beauvoir notamment. J’ai lu Thérèse et Isabelle, très beau, et aimerais lire d’autres romans.

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